Quel privilège de se lever à 3169 m, et de pouvoir contempler dès potron-minet tant de merveilles ! Au refuge Adèle Planchard, le soleil embrase déjà les pentes lorsque nous démarrons skis aux pieds. La journée ne sera pas la plus longue du raid, et le dénivelé positif sera modeste, mais je prévois la possibilité de manoeuvres de cordes, qui prennent toujours du temps.

La Grande Ruine se dresse 600 m au-dessus du refuge, et son sommet principal, la pointe Breevort, est la plus parcourue. Miss Breevort, avec le révérent Coolidge et le guide Christian Almer, a conquis cette cime en... 1873. Nous n'aurons donc aucun mérite à nous y hisser !

Les sacs sont lourds, et le rythme n'est pas rapide, mais nous avons le temps.

Parvenus au pied de la face est, un couloir de neige permet d'atteindre la crête sud et de finir l'ascension. Itinéraire classique, il est néanmoins plus sec que d'habitude, et un passage rochers/glace pas vraiment rassurant coupe le couloir dans le bas. Je décide donc de poser une corde fixe, dont les suivants pourront de servir pour s'assurer. Le haut du couloir est plus régulier, avec de bonnes marches creusées dans la neige au fil des passages.

Une fois sur l'arête, l'accès au sommet est un jeu d'enfant, et nous découvrons la vue extraordinaire _ le mot n'est pas exagéré_ depuis la pointe Breevort, très centrale dans le massif ; entre Ecrins au sud et Meije au nord, d'autres sommets prestigieux du massif sont visibles : les Bans, les Rouies, le Soreiller, le Rateau, les Agneaux,...

Quelques photos et congratulations, et c'est déjà l'heure de descendre. Mais pourquoi donc faut-il toujours quitter ces si beaux sommets ?? J'assure la première partie de la descente du couloir avec une autre corde fixe, car c'est dans ces moments de relâchement, après la conquête d'un sommet, que se produisent le plus souvent les gestes maladroits.

La neige a eu le temps de chauffer un peu au soleil, et la descente à skis qui suit est très agréable.

Nous franchissons facilement ce passage du col des Neiges que nous sommes 7 à avoir franchi dans l'autre sens la veille.

Devant nous se dresse un autre passage fameux du massif : le col de la Casse Déserte, qui donne accès au vallon des Etançons, où nous passerons nos deux prochaines nuits : au refuge du Chatelleret, puis au refuge du Promontoire.. avec quelques pérégrinations entre les deux, vous vous en doutez !

Crampons, piolet, casque, les bonnes habitudes sont prises pour remonter ce couloir. Nous ne sommes pas seuls, je suis patiemment un guide et ses deux clientes, visiblement peu expérimentées.

A la brèche (encore une fois, ce n'est pas un col large et débonnaire, mais une entaille entre deux parois prodigieuses), un groupe d'Allemands mené par un guide arrive par l'autre côté. La pente plonge côté ouest dans un couloir raide et lustré par le passage ancien de skieurs, ce qui rend la descente à skis incertaine. Je préfère poser une main courante et faire descendre chacun en crampons, surtout que des rochers, bien plus bas, ne pardonneraient pas une erreur à skis. Benoît et Jean-Pierre choisissent de skier un couloir parallèle, mais trop expo à mon avis pour le niveau du groupe.

Le temps de laisser les Allemands monter, de laisser le guide assurer ses deux clientes, la manoeuvre est enfin mise en place. Je donne même un coup de main au guide en libérant sa corde, après qu'il a lui même atteint le bout de sa corde, pour accélérer sa manip. Je descends en dernier.

Tous réunis au pied du couloir, nous voici dans de vastes pentes à l'ombre, 1400 mètres au-dessus duvallon des Etançons. La première partie de la descente fleurte avec des séracs et des passages en glace, sur une neige tollée, les sacs lourds ne permettent pas de fantaisie.. La deuxième partie de la descente, au soleil cette fois, nous ouvre la liberté de partir en grands virages sur une neige décaillée à souhaits, un pur bonheur ! Jusqu'en bas, cependant, le terrain peut réserver des surprises, comme ces plaques de glace bleue issues de coulées et de cascades gelées, à peine recouvertes de neige..

Un dernier effort à peaux de phoque nous amène au confortable refuge du Chatelleret, où nous bénéficions d'un excellent accueil également.

Des boissons diverses parviennent à peine à étancher notre soif, tant l'effort et l'altitude nous ont desséchés..

J'improvise un atelier de réparation de semelles de ski dans le hall d'accueil du refuge.

Extinction des feux très tôt ce soir, nous partons à la frontale demain, pour une variante peu pratiquée jusqu'au refuge du Promontoire...

Les photos de cette deuxième journée :

https://photos.google.com/share/AF1QipPiOJd0myukoKP6UaEzZ48N4fMch6OYyAMNCuBqAKAd7bWzLJ2czobwmDMQ1fhfrw?hl=fr&key=a0l3SkNuMWxJRUh3Z0hLMTNTTHN3Yzhmbm1jYzBn

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