Encadrants : Philippe Feix, Marie-Loï Hullin, Sébastien Récizac
Participants : Nathalie, Philippe, Pascal, Gabriel, Ricardo, Nicolas, Pierre
 
Photos :
 
Ce qu'il y a de bien, avec l'alpi hivernal dans les Pyrénées, c'est qu'on a pas besoin de partir de Toulouse à 5h00 du matin et que donc les sportifs adeptes du sommeil sont vernis. Sans faire de grasse matinée, on peut profiter de la couette jusqu'à 6h00 (que ceux qui sont heureux de se lever en refuge à 3h00 du matin après une nuit blanche entre deux pétomanes, trois catarrheux et 12 ronfleurs aillent faire une cure de méthane et de CO2 en stage d'une semaine sur le bord de la Rocade dans un sac de couchage en peau de yaourt William Saurin).
 
Et donc, après un rendez-vous serein à Jules Julien à 7h00 du matin et une halte taxi à Pamiers, nous arrivons au parking de la station de Goulier. Un peu perplexes : la Face Nord de la Pique d'Endron, déjà très peu blanche une semaine auparavant, a encore perdu de la neige, et le Créneau est vierge de tout matériau cramponable sur les 150 premiers mètres ; et la température est plutôt douce pour une Face Nord : +1 °C. Mais le reste semble bon. Alors Père Feix ne saurait ouïr perplexes : "Dura Feix, sed Feix", selon la célèbre devise inscrite au marbre du Panthéon des Dry-touffeurs Ariégeois. Deux trois encouragements gouailleusement dispensés, et la petite troupe de 8 grimpeurs et 2 grimpeuses rapidement équipée se met en marche - d'approche -, le sourire aux lèvres et les fourmis frémissant au bout des gants : on va s'en mettre plein les pioches !
 
La montée sur la crête des Sarrasi se fait la fleur et le givre au fusil. Les choses se corsent un peu dans la traversée vers le couloir, les chevilles devant résister à une stabilité précaire sur la neige croutée et fragile recouvrant les rhododendrons. La stratégie est de contourner par la gauche le bas du Créneau - pris dans une couche de glace et de poudre bien trop fine pour porter 10 paires de semelles ferrées. On atteint alors le haut de la pyramide rive Droite, 150 mètres au-dessus du départ habituel. Le lieu est idéal pour finir de s'équiper, s'encorder et avaler les produits dopants habituels (au menu du jour, entre autres, crottes de lapin à la myrtille et un breuvage secret importé d'un monastère tibétain adorateur d'Éros et de Vishnou-la-Nantaise).
 
Cinq cordées de deux, confiantes et motivées, partent donc corde tendue en 5-7 mètres, avec anneaux de buste. La progression est rapide, à la queue-leu-leu, avant d'atteindre une longueur de glace bien fournie. Petite longueur de 15-20 mètres franchie toujours corde tendue (la pente est de 40° max) avec pose de 2 broches ; mais il est possible de la longer dans une bonne neige sur sa gauche. Au-dessus, on trouve une pente de neige sur 80 mètres terminée par un petit verrou rocheux de 4 mètres que l'on franchit tranquillement, en coincement de crampon dans une fissure étroite et peu profonde. Plus haut, à la bifurcation avec les 2 variantes, deux cordées partent avaler la voie normale (branche de gauche), tandis que les 3 autres se suivent sans freiner dans la variante du milieu (la plus raide, sans pour autant dépasser les 50°). Tout le long du couloir, la neige porte bien, avec de ci de là quelques courts passages en poudreuse froide et brassante.
 
Enfin, après un peu plus de deux heures pour gravir 400 mètre environ, les 5 cordées arrivent ensemble au sommet. Le ciel d'un bleu éclatant, et livrant une vue large et lointaine vers le Sud et vers l'Est, se laisse envahir peu à peu par une couche de nuage disparate qui cache le soleil, mais garde un peu de chaleur. Les jambes sont un peu lourdes et les estomacs impatients. Mais, comme le souligne opportunément notre chef d'expé du jour, "l'indice de Bonheur National Brut bhoutanais est largement atteint". S'engage alors un piqueunic (avé l'assent ariégeois du chef du cru) goûtu mais mesuré, avant une descente concentrée jusqu'au Pic des Sarrasi ; le début de l'arête en rochers enneigés, peut cacher de mauvais pièges. Puis ce sera la descente jusqu'au parking le long de la crête : tout le monde est heureux, les conversations ininterrompues sont joyeuses tout au long du sentier. Surtout pour deux gars de l'équipe, survivants très chanceux de retour en ascension de couloir de neige, après une chute dans deux avalanches distinctes, l'un sur 100 mètres (seulement...?), l'autre sur 800 mètres (excusez du peu), cette dernière s'étant déroulée justement dans la voie du jour.
 
Au final, une journée mémorable ! Une voie peu technique, peu engagée, peu en conditions certes, mais suffisamment pour offrir une bonne dose de bonne humeur durable à une forte et efficace équipe de drôles et de drôlesses toujours heureux de taquiner les pentes, pioches à la main. Un immense reconnaissance au leader (et à son nez opportuniste et connaisseur) et aux encadrants : en arrivant sur place, au vu de la faible ration de neige dans le couloir, on donnait peu chance au succès de la journée. Et pourtant, on aurait vraiment eu tort de se priver : ce fut un sacré bon moment ! Bien évidemment conclu autour d'une bière au bar avant le retour sur Toulouse ; tradition oblige... Quand est-ce qu'on repart ? Vite !

Départ du parking à 9h00, retour à 16h15.

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