Jean Le Corre est décédé, samedi 15 octobre au Pic Peyrot (au sud de la Pique d’Endron) à la suite d’une chute de près de 60 m.
Jean Le Corre était membre du Caf de Toulouse depuis plus de 30 ans
Il était instructeur de ski de randonnée et conférencier auprès de l’ANENA (association nationale pour l’étude de la neige et des avalanches).
Sa connaissance de la montagne et son approche de la sécurité sur ces terrains à risque étaient reconnus de tous.
L'accident à eu lieu à la descente sur un terrain escarpé ne necessitant pas l'usage de la corde. Il était correctement chaussé et progressait à une allure normale
Il a trébuché.
C’est une très grande perte pour sa famille, ses amis et le Caf de Toulouse dont il était l’un des principaux cadres.
Nous adressons toutes nos condoléances à sa femme et ses deux enfants.
Bruno Serraz / Président du club alpin français de Toulouse
Les obsèques de Jean Le Corre auront lieu jeudi 20 octobre à 14 h 30 en l’Eglise de Pibrac
Une soirée sera organisée en mémoire de Jean Le Corre, disparu le WE dernier,
le mardi 8 novembre à partir de 19 h dans les locaux du Caf de Toulouse, 3 rue de l'Orient.
Vous pouvez vous aussi envoyer un texte, un témoignage qui sera rajouté à cet article
secretariat@clubalpintoulouse.fr
De: Cécile Claudel <cecile.claudel0108@gmail.com>
Objet: ce samedi 15 octobre....
Date: 16 octobre 2022 à 14:39:19 UTC+2
À: newsletter@clubalpintoulouse.fr
Avec Jean le jeudi nous parlons du WE à venir, la météo s' annonce parfaite. Avec l effet de foehn, les températures seront printanières.
Depuis plusieurs WE , Jean nous organise des sorties aux petits oignons , à nous quatre filles motivées.
Nous avons fait un WE en cabane avec petit et grand Queyrat, un WE avec un bivouac à 2300 et le Soum Arrouy à la clef et enfin un WE dans le Couserans pour faire la crête Gurier- Tuc de Orle.
Dimanche dernier, c était pour écouter le brame du cerf dans le luchonnais.
Bref, Jean ne manque pas d idées. Des sommets qu il n a jamais faits, des crêtes qu il n a jamais parcourues.
Cette fois - ci, ce sera l Ariège.
Une copine de Nathalie a fait en solitaire la crête Peyrot- Aspre.
Jean a trouvé un topo.
Le vendredi il nous contacte pour finaliser le sac. Donc ce sera baudrier, sangle, mousqueton et machard au cas où .
Le rdv est pris, à Roques à 7h.
Jean nous montre le topo de la course qu il a pris le soin d'imprimer.
On est trois ce jour là, c est Jean qui conduit, Nathalie monte à l arrière pour somnoler car elle a mal dormi.
Moi je me suis levée au dernier moment alors je dégaine le thé et les biscuits.
Jean déjeune toujours chez lui d un verre de jus de pomme, d un bol de lait avec du chocolat cru et de tartines de pain.
Pour lui, les gâteaux gerblé, c est de la nourriture pour oiseaux.
On discute de choses et d autres, on regarde le soleil se lever. C est très beau.
Il me montre son nouveau sweat dont il est très fier, un sweat bleu à capuche avec le logo de son ancienne école de commerce à Grenoble . Je lui fais remarquer que 1984, ça commence à dater un peu. Il fait une imitation réussie d un jeune qui rappe. C est drôle.
On est de très bonne humeur. Arrivés à Pradieres , hop on est partis. Dans la forêt, le sentier est sec.
Jean est devant, moi au milieu, Nathalie derrière.
A l orri de la Coume, à 1733 m, on bifurque à droite. Il y a un vague sentier qu on perd rapidement. On jardine. Nathalie le retrouve . On passe sous la conduite et on monte droit dans la pente car on a encore perdu le sentier.
On se regroupe avant les lacets .
Dans les lacets, on garde le même ordre. Arrivés au col, on grignote en attendant Nathalie. Il fait déjà chaud. Jean fait remarquer que cette montée semblait interminable. On est d accord.
On continue jusqu au pic Peyrot, il n y a pas de difficultés.
Un peu après le pic, le sentier est légèrement descendant, étroit, escarpé.
On est concentrés.
Je regarde mes pieds quand j entends" Ah ZUT". Je lève les yeux et je vois Jean chuter.
Je descends un peu en contrebas, on l'appelle. Rien. On ne le voit pas.
Je passe l alerte . Il n y a pas de réseau mais le 112 passe. Ouf. Le premier opérateur est un pompier dans l aude, il me bascule sur le PGHM.
En attendant le PGHM, je décide de descendre . C est escarpé, c est du terrain à chamois.
Je descends , je l'aperçois. A ce moment là, l hélico arrive et je lui fais signe.
Le gendarme nous escorte sur le sentier et nous commençons une interminable descente.
Nous nous soutenons, nous restons soudées jusqu au retour à Toulouse.
Le problème de la vie, c est qu il y en a qu'une. (Orelsan).
Cécile Claudel
Incrédulité et sidération voilà les deux premiers sentiments qui me sont venus à l’esprit lorsque j’ai appris samedi après-midi la disparition de Jean.
Incrédulité parce qu’il me semblait presque impossible qu’il puisse arriver un accident à Jean, lui qui était toujours aussi attentif aux risques, si précis dans ses analyses des dangers de la Montagne tant en hiver qu’en été, si précautionneux dans la préparation de ses sorties.
L’analyse du risque, il en avait même fait son métier car, une des facettes de la personnalité de Jean, c’était sa capacité à transmettre, à faire passer non seulement sa passion pour la montagne mais aussi à partager ses compétences en matière de connaissance de la neige et de prévention du risque.
Nous avons tous appris à son contact.
Nous sommes tous enrichi et quelque part, nous pourrions même dire nous sommes tous élevés.
Sidération parce que tous, au-delà de l’incrédulité, nous avons mesuré la perte, le vide laissé par Jean en matière de sécurité, de formation mais aussi en terme d’animation de la vie du club notamment en ski de montagne mais également lors des nombreuses sorties qu’il encadrait toujours dans ce souci de transmission, de partage des connaissances acquises au cours de toutes ces années en montagne.
Nous avons tous ressenti que cette absence serait cruelle et bien difficile à combler mais aussi à consoler car le sentiment qui maintenant nous étreint au sein du club c’est bien la tristesse..
Une page va se tourner et la vie va continuer.
Mais Jean restera dans nos mémoires comme une référence et au delà une conscience.
Et à titre personnel, chaque fois que je devais prendre une décision en montagne pour savoir si je dois persister dans mes choix ou renoncer à mon projets d’itinéraire, je penserais à Jean et je me dirais :
Bon ! quel aurait été Le conseil de Jean, qu’est-ce qu’il m’aurait suggéré ? Cette petite voix qui chuchotera à mes oreilles, ce sera celle de Jean, et elle nous restera, pour longtemps très précieuse et très présente Merci Jean.
Bruno Serraz
Une soirée sera organisée en mémoire de Jean Le Corre, disparu le WE dernier, le mardi 8 novembre à partir de 19 h dans les locaux du Caf de Toulouse, 3 rue de l'Orient.
Cette soirée commencera par un apéritif dinatoire.
A cette fin, il est demandé aux personnes intéressées d’amener un petit quelque chose à partager. Le club s’occupe de la boisson.
Ensuite, il y aura un petit moment de recueillement puis chacun pourra prendre la parole pour évoquer des souvenirs ou …l’avenir. Vous pouvez emmener des photos sur clef USB (ou sur papier)
Un animateur est prévu pour ne pas faire de cette soirée un moment où la tristesse et le chagrin emporte tout.
Nous aurons également une petite pensée pour Nicolas Fritz (ci dessous), disparu dimanche 16 octobre au dessus de l’Hospice de France dans une chute en vélo de Montagne. Nicolas et Jean sortaient ensemble en ski de rando
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