La section des Pyrénées centrales du Club alpin français (aujourd'hui le Caf de Toulouse) a le regret de vous faire part de la dispartion de Jean-Victor Parant ce dimanche 13 mars à l'âge de 105 ans.

Ci-dessous quelques notes concernant Jean Victor Parant par F. Jacqueminet

Né le 12 décembre 1910 à Toulouse, Jean-Victor Parant était le doyen des pyrénéistes, dernier représentant d’une génération d’illustres montagnards pour lesquels les Pyrénées furent un terrain d’aventure unique encore riche en découvertes et ascensions nouvelles.

Voir également l'hommage rédigé par Xavier Basseras, Ancien Président, pendant 30 annèes du Club alpin Français de Toulouse

Photo faite le 5 août 2015 à l'âge de 104 ans, à la Tour de Mayrègne, domaine de feu son ami Raymond d'Espouy.

 

C’est à partir de la maison familiale de Sainte-Marie, près de Siradan, qu’il découvre la montagne pyrénéenne et le plaisir des ascensions, au sein d’un « académie familiale de pyrénéisme » comme il l’écrira plus tard. Dès 3 ans, il grimpera les modestes sommets du piémont Luchonnais dominant les rives de la Garonne, ou ceux de la Barousse. Ces premières excursions lui dévoileront en toile de fond les grands massifs pyrénéens vers lesquels il ne tardera pas à diriger ses pas. En 1921, l’Arbizon, puis le Campbieil, sont les premiers grands sommets conquis. En 1931, toujours en famille, c’est une excursion dans le massif du Mont-Perdu avec l’ascension du sommet.

Mais surtout, cette année là, Jean-Victor Parant, quittant le giron  familial, adhère à la section des Pyrénées Centrales du Club Alpin Français (CAF Toulouse aujourd’hui). Au sein  de cette section, le Groupe des Jeunes rassemble les meilleurs éléments, qui, sous la houlette de son fondateur en 1920, Jean Arlaud, écument les cimes pyrénéennes à la recherche de la nouveauté et de la difficulté. La rencontre, fondamentale pour Jean-Victor avec le « Patron » ne tardera pas. Membre postulant du GDJ dès 1933 (membre actif en 1937), Jean-Victor va désormais prendre part à ce qu’il qualifiera lui-même d’« âge d’or du pyrénéisme toulousain ». Il participe aux fameux camps d’Arlaud, et à de nombreuses escalades inédites. 

Dès 1933, il répète avec succès de nombreux itinéraires ouvert auparavant par Jean Arlaud et ses compagnons. En août de cette année, avec ce dernier, il réalise sa première « première », dans la face est du pic des Moulières. Le mois suivant, en compagnie de son cousin Jean Grelier et d’Arlaud, il réalise la première ascension de l’éperon nord-est du pic du Portillon d’Oô. En 1935, avec divers compagnons, il ouvre en août de nouveaux itinéraires dans le massif des Encantats, au Monastero (arête sud), au pic des Crabes (arête nord), au monte Saliente (arête nord-ouest). En septembre, au cours d’une expédition dans le massif de la Maladeta avec son cousin Paul Grelier et Jean Arlaud, il réalise la première ascension de la face nord-est du pic Margalide, visite par un itinéraire nouveau la face nord du toit des Pyrénées, l’Aneto, et fait capituler la face ouest du pic des Salenques. En 1937, il vient à bout de la face ouest de la tusse de Montarqué avec son frère Marcel…

 

Le 24 juillet 1938, Jean Arlaud disparaît accidentellement aux Gourgs-Blancs. Jean-Victor Parant veillera dès lors à prolonger l’œuvre de l’illustre pyrénéiste. Avec Jean Prunet notamment, il travaillera à la publication des Carnets de Jean Arlaud dont les deux tomes paraîtront en 1965 et 1966. Eternel secrétaire du GDJ, il poursuivra la tradition des camps, qui après la seconde guerre mondiale, deviendront des camps de tradition. Refusant d’être le chef de camp, il préférera endosser, à l’instar d’Arlaud, la toque de cuisinier.

Issu d’une famille de médecins, carrière à laquelle le destinait son père, Jean-Victor est devenu docteur en droit, sa thèse de doctorat,  Le problème du tourisme populaire. Emploi des congés payés et institutions de vacances ouvrières en France et à l’étranger fut publiée en 1939. En 1941, il prit Antoinette pour épouse, qui lui donnera quatre enfants.

En 1939, à Pau, un couple de palois, Simon et Suzanne Bacarisse, fondaient un club omnisport : Pyrénéa-Sports. En 1954, après une période d’activité professionnelle à Paris, Jean-Victor Parant viendra s’installer à Pau (il y fondera la clinique Maryland). Son ami, Marcel Jolly, le rapprochera des Bacarisse, et Jean-Victor s’impliquera dès lors dans ce club, devenu au fil du temps, une véritable institution paloise. Après la mort de Raymond d’Espouy en 1955, il sera également un des continuateurs des Amitiés montagnardes que ce dernier avait lentement tissées par delà la frontière avec les membres des entités montagnardes espagnoles.

Promoteur infatigable de la montagne auprès des jeunes, transmettant le flambeau d’une génération dorée, Jean-Victor Parant parcourt les Pyrénées et participe activement aux camps de la section des Pyrénées Centrales, du GDJ, de Pyrénéa… Pendant l’été 2011, il participait encore au camp du CAF en vallée d’Aspe. Des Forges d’Abel, il aurait souhaité se rendre au lac d’Estaëns, mais le sentier lui paru un peu rude pour ses 100 ans. En 2012, il séjournait au camp de Gavarnie… Il skia jusqu’à 90 ans, et à 94 ans, il conduisait encore et faisait le tour du pic de Midi d’Ossau à pied !

De longue date, Jean-Victor Parant s’est également intéressé à l’histoire du pyrénéisme. Petit à petit, après l’achat (pour 80 anciens francs) de son premier ouvrage, les Observations faites dans les Pyrénées publiées par Louis Ramond de Carbonnières en 1789, il a constitué une bibliothèque renfermant des textes essentiels pour la connaissance de l’histoire du pyrénéisme. Il a produit de nombreux articles, dans Pyrénées (plus de 30 contributions), la Revue Pyrénéenne, Altitude, Le Petit Commingeois... Il a également participé à l’édition des ouvrages de Jean Escudier, L’Aneto et les hommes en 1977, puis Une grande montagne : Le Posets en 1982, ainsi qu’à celui consacré en 1981 par les enfants de R. d’Espouy à leur père, Raymond d’Espouy Mélanges Pyrénées… Il a contribué au monumental ouvrage collectif coordonné par Juan Buyse, Les 3000 des Pyrénées, qui dresse un catalogue des plus hautes cimes du massif (publié en France en 1991). Il a contribué à la réédition de quelques ouvrages rares (les Ascensions d’Henri Brulle, en 1981) qu’il a parfois préfacées (A la poursuite des Isards de Louis Pragnère, 1993 ; Chasses Excursions dans les Hautes-Pyrénées d’Alphonse Meillon en 2004…).

Son écrit principal, œuvre de cœur, est bien sûr l’ouvrage qu’il consacra en 1991 à la vie du GDJ et de la section des Pyrénées centrales du CAF : Jean Arlaud et le Groupe des Jeunes (1913-1964). Il constitue un témoignage sans égal et une somme de référence quant à la vie intérieure de ces groupements de montagnards.

Homme érudit, charmant, jovial et plein d’humour, soutenu par une foi profonde, Jean-Victor Parant à connu tous les acteurs importants de la montagne pyrénéenne depuis les années 1920. A 105 ans, sa mémoire restait intacte et regorgeait de souvenirs. La force de ses évocations, au travers d’anecdotes choisies illustrant les personnages dont il nous entretient, est une chance unique pour celui qui converse avec lui. Parlez lui donc non seulement de Jean Arlaud, mais aussi de Raymond d’Espouy, de Marcel Jolly, de Maurice Jeannel, de Jean Fourcassié, de Robert Ollivier, d’André Armengaud… (pour n’en citer que quelques-uns). Tous furent de ses amis. D’entre tous, Jean-Victor Parant était le dernier et précieux témoin vivant. Sa disparition signe définitivement la fin d’une époque révolue du pyrénéisme.

 

Voir également l'hommage rédigé par Xavier Basseras, Ancien Président, pendant 30 annèes du Club alpin Français de Toulouse

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