Par Jérôme Brebion
Encadrants : Fanny, Jordi, Dominique, Alexandre et Ferdinand
Participants : Clara, Emilie, Léa, Natacha, Sonia, Johann, Ronell, Marius, Guillaume, Jérôme
Photos : https://photos.app.goo.gl/UAvwPDXBEC5vNxp88
Avec le retour de la neige dans les Pyrénées en cette saison, le week-end du 11-12/01 avait été bloqué par les encadrants du cycle d’initiation alpi pour terminer le cursus de formation - qui a débuté au printemps au Caroux - avec l’approche hivernale de l’alpinisme ! Le lieu n’était pas facile à trouver avec cette météo qui fait le yoyo et joue avec l’état des nivôses des Pyrénées ! Après la montagne d’Areng en idée initiale, le cap est enfin mis sur le pic de Barassé à proximité de la Mongie ! Ce week-end était l’occasion de reprendre les moyens de s’encorder pour progresser sur neige en révisant les techniques étudiées sur les trois précédentes sessions. Appréhender l’alpinisme hivernal avec ses particularités et les moyens de se sécuriser et/ou de secourir était aussi au programme ! Et si les conditions sont de la partie, réaliser un couloir en neige pour mettre en application tous ces pré-requis transmis !
Jour 1 : La motivation à toute épreuve !
Iso 0°C à 2800 m, limite pluie-neige à 2400 m, voilà le cocktail alléchant que nous promet le BERA pour la nuit… Allez que nenni, la vaillante équipe sent que son heure va arriver ! Rendez-vous est pris à 7h30 gare de Portet ce samedi. 15 personnes, 3 voitures de 5… Ce sera le seul week-end sans organisation de mobilité douce mais nous n’aurions pas pu faire mieux en termes de covoiturage ! Les plus noctambules de l’équipe auront remarqué qu’il a plu copieusement sur notre région dans la nuit et que nos massifs ne sont pas épargnés… L’Adour est bien gonflé à notre arrivée dans la vallée, cela ne présume rien de bon ! On se gare au parking du barrage de Castillon à 1600 m vers 11h, pas de neige, juste une humidité ambiante bien présente.
Tout le monde s’équipe comme si nous partons sur le Mont Blanc en espérant que les nuages aux alentours nous saupoudrent enfin les versants ! Le vent de nord-ouest annoncé nous oriente à aller s’exercer sur des pentes large secteur sud-est afin de pouvoir travailler à l’abri car on sait que nous n’avons pas besoin de cela pour se les peler…
La piste forestière du Serpolet est fermée cet hiver pour cause de risque d’avalanche et aussi pour respecter la tranquillité de notre grand coq de montagne en plein hivernage ! Après une hésitation, nous regagnons le droit chemin en repartant aux voitures pour chercher un accès différent au secteur ! 12H, nous voilà à l’épingle du Garet ! Tous ces efforts de la matinée méritent « bien » une petite collation avant de se lancer dans le grand bain… C’est fou comment on peut malmener un programme avec quelques impondérables ! Néanmoins, on aura mangé au sec sous le soleil, ça c’est pris au moins ! Ragaillardis, nous attaquons alors en direction de la cabane de Barassé via le GR10. Ça monte, ça parle mais toujours pas de neige conséquente à l’horizon. Nous poussons alors au milieu du thalweg sud-est au pied du Barassé pour chercher l’or blanc ! Nous jetons notre dévolu sur des anciennes coulées qui feront très bien l’affaire en termes de densité et surtout d’épaisseur de neige pour nos petits exercices.
Un fondamental est abordé pour démarrer à savoir comment rechercher une victime avec un DVA, le trouver avec sa sonde et le dégager avec une pelle. Les coulées sont bien utiles pour cet apprentissage avec une neige bien désagréable pour la progression et dont les indices de cachette de la victime sont indécelables… Tout le monde passe un par un avec chronométrage de nos encadrants pour estimer notre marge sur le temps de recherche ! Problème : un apprentissage quasi individuel ça demande du temps ! Pendant ce temps-là, il ne fait toujours pas bien chaud et ce n’est pas la neige mouillée qui nous tombe dessus qui nous apportera du réconfort ! Rien ne vaut alors la progression sur cette neige toujours aussi agréable à fouler pour se réchauffer et réviser les techniques d’encordement ! Au passage, nous aurons encore bien promener les raquettes ce week-end ! Elles ont passé plus de temps sur le sac à dos qu’aux pieds mais mieux vaut être équipé en montagne, on ne sait jamais ce qu’elle peut nous réserver…
Après avoir enchaîné les entraînements de progression sur neige, un groupe part à l’aventure dans l’idée de repérer les couloirs pressentis pour le lendemain. Le redoutable Ker Krolic nous attend ! Non ce n’est pas un mix entre une croquette ou un pirate breton, il s’agit juste du nom de notre futur couloir… L’autre groupe ne s’arrêtera pas de jouer dans la neige en révisant l'enrayement des chutes seules et en cordées. Cette neige toujours aussi humide permettra de tester la solidité des différents points d’ancrages.
Bref ce n’est pas tout ça mais à force on commence à être bien trempé et il est temps de redescendre car la neige s’intensifie avec le froid qui va avec ! Cette journée aura permis de bien s’exercer et réviser les manips pour être performant le lendemain dans l’espoir d’une météo plus ensoleillée (difficile de faire pire…) !
La petite troupe décide d’aller s’essorer chez le gîte de groupe associatif de la Baleine Blanche ! Belle initiative d’un bon groupe de jeune de redonner vie à ce complexe fort de 128 couchages et qui propose en plus du couvert un petit concert dans la soirée, quoi de mieux pour se requinquer ! Le traditionnel apéro avant le repas sera l’occasion de discuter de la journée passée et de détailler le programme du lendemain. En attendant, on se prépare le physique à grand coup de pichet « d’eau »…
Jour 2 : Barassé, on vient te chercher !!!
La soirée a été l’occasion de trancher… Les raquettes resteront au chaud ce coup-ci ! Même si nous devons brasser, le choix a été voté… Et dire que les plus ambitieux rêvaient même il y a quelques semaines auparavant de sortir les spatules… Tant pis, priorité sur l’alpi !!! Car c’est bien le sujet de ce dimanche du 12 janvier !!! Après un petit jeu d’ouverture de voiture gelée, nous voilà engagé vers le pied du Barassé par le même itinéraire que la veille. Au total, ce sont 5 cordées qui s’élanceront avec un encadrant pour chacune, le luxe ! Tempête de ciel bleu, froid sec et saupoudrage de fraîche sur toute la montagne, des conditions qui sont bien différentes de seulement quelques heures auparavant ! L’approche se fait à plusieurs rythmes afin de décaler l’entame du couloir pour chaque cordée. Le paysage est magnifique et nous rappelle pourquoi on aime mettre le réveil le dimanche plus tôt qu’en semaine…
Bien réchauffé de cette marche matinale, nous nous équipons au pied du couloir avec nos crampons et piolet avant de nous encorder ! Nous sommes fins prêts à gravir ce grand frigo avec comme ligne de mire le soleil au sommet… Les techniques révisées la veille sont rapidement mises à profit pour progresser dans ce couloir. Nous nous élevons gentiment mais sûrement en prenant le temps d’étudier la qualité de la neige au cours de l’ascension et ce qui en découle sur notre manière de cramponner ou d’utiliser le piolet ! La crête se dessine et la pente s’affirme, ce sera une bonne excuse pour s’exercer à la pose de points avec des friends car le rocher n’est pas loin en périphérie !
Soleil en vue !!! La sortie est imminente et nos efforts sont récompensés par une magnifique vue sur les lacs autour de Campana d’un côté et toujours notre bon vieux pic du Midi de Bigorre de l’autre ! Une dernière crête bien pentue et riche en rhododendrons nous amène au sommet toujours en progression en corde tendue. Un panorama à 360° comme on les aime sur ces pentes enneigées. C’est décidé ce sera la vue de la salle à manger pour aujourd’hui ! L’ensemble des cordées se rassemble pour partager quelques denrées bien réconfortantes après ces efforts et aussi mettre en commun ses impressions sur la montée et comment chacun a perçu la difficulté. Ce n’est pas tous les jours que des bipèdes comme nous se mettent dans de telles situations et doivent s’initier à gravir ce genre d’itinéraire tout en assurant sa sécurité et celle de sa cordée !
Ce n’est pas le tout mais à ce qu’il paraît c’est le retour de l’hiver dans les Pyrénées donc le froid de ces altitudes nous poussent à redescendre vers des températures plus clémentes. Toujours encordés, les bébés alpinistes se lancent dré dans le pentu armés de leur piolet et des pointes acérées de leurs crampons vers l’avant, même si ça fait peur !!! La descente sera encore l’occasion de faire un petit point sur la nivologie du secteur et des différentes couches qui constituent un manteau neigeux encore divisé… Qui risque de mettre du temps à évoluer sur ce secteur nord alors qu’en secteur sud cela devrait transformer rapidement et aussi peut-être se purger car aujourd’hui il ne semble pas bon de s’y engager ! Bref encore de l’écoute et de l’apprentissage sur comment analyser les observables pour adapter au mieux son itinéraire en sécurité !
Le traditionnel bilan de fin de sortie et pour le coup de fin de cycle vient terminer la journée de retour au bar bien chaleureux de la Baleine Blanche ! Un dernier moment de convivialité partagé avec toute l’équipe de ce premier cycle d’alpinisme qui aura à coup sûr remplit ses objectifs d’initiation ! L’ensemble des initiés sont comblés d’avoir eu la chance de participer à ce cycle complet et dont le dévouement des encadrants a été hors du commun ! On se répète peut-être mais avoir la possibilité d’avoir un encadrant pour deux stagiaires est juste un rêve pour apprendre !!!!! Merci à tous pour cette initiative et votre engagement dans ce premier cycle qui est une réussite, parole de bébé alpiniste !!! Maintenant à nous de s’exercer pour se perfectionner petit à petit !
Nous n’avons pas pu remercier de vive voix les encadrants qui ont aussi participé au cours des précédents rassemblements. Merci à Marie-Loï, Philippe, Franck et Oscar !
