10 ans, oui, 10 ans que je n'avais plus organisé de raid à skis de rando.. Trop longtemps..
Alors, ce printemps, lorsque j'ai repéré ce créneau de disponibilité du 9 au 13 avril, j'ai saisi l'occasion, d'autant plus que j'avais une obligation professionnelle le 14... à l'Alpe d'Huez.
En termes de destination, le Tour de la Meije s'est imposé comme une évidence, en priant pour avoir de bonnes conditions nivo-météo, indispensables dans ce massif exigeant de l'Oisans.
J'avais déjà fait la traversée La Grave-Pont d'Arsine en 3 jours, mais la boucle restait.. à boucler.
Le groupe fut constitué de 6 personnes que je connaissais, puis élargi à 9, les copains des copains, vous savez.. Mais que des gens connus et fiables, bien entendu !
Tereza (quels progrès en si peu d'années !), Cécile (toujours la forme !), Jean-Lou (premier raid à skis, la barre était haut-placée !), Jean-Marc (notre aîné, mais une forme constante !), Stéphane (a pu se libérer de justesse, quelle récompense !), Jean-Pierre (pas notre première, ni notre dernière sortie ensemble !), Xavier (champion des écailleurs !), et benoît (ex Toulousain, actuel Chamoniard, dit l'électron libre) sont de la partie.
Direction Pont d'Arsine, entre La Grave et le col du Lautaret, pour un portage d'une heure et demie en direction du refuge de l'alpe de Villard d'Arêne. C'est que la moyenne montagne est à sec, comme dans presque tout l'arc alpin, et les Pyrénées.. Premiers grands sommets en vue, notamment la Montagne des Agneaux 3664 m, gravie en alpinisme il y a deux ans..
Une courte descente vers le vallon de la Romanche, et nous mettons les peaux. C'est une longue, très longue montée vers l'extrémité du glacier de la Plate des Agneaux. Un couloir de 1100 m en face ouest de la face rocheuse tente Benoît, qui essaie de débaucher des volontaires pour un aller-retour.. Heureusement, personne ne répondra à l'appel, on verra en fin de journée que c'eut été une folie !
Benoît, prompt à pendre les devants, entraine dans son sillage Jean-Marc sur l'itinéraire direct vers le refuge Adèle Planchard, un itinéraire comportant d'innombrables conversions et une trace raide, itinéraire que je n'avais pas du tout envisagé.. Nous les retrouverons le soir au refuge.. Nous poursuivons à 7 vers le haut du glacier, puis bifurquons vers le nord (pentes sud) vers le col des Neiges. ça sonne bien, le col des Neiges ! Comme le glacier des Glaciers, dans le massif du Mont-Blanc, j'adore ! Mais ce col se mérite, les pentes prennent le soleil depuis des heures, la neige chasse sous les skis, il faut une technique développée spécifiquement pour ces conditions pour ne pas (trop) se fatiguer..
Enfin le col, ou plutôt la brèche. Dans ce massif, point de col large et débonnaire : ici, les cols sont des brèches taillées à coups de serpe sur des arêtes rocheuses. Elles se conquièrent crampons aux pieds, et réservent parfois des surprises de l'autre côté.. Justement, mon premier regard, en arrivant à cette brèche perchée à 3348 m, plonge dans une paroi mi-neigeuse, mi-rocheuse : damned ! Un rappel ? Vu l'état de fatigue des uns et des autres (nous en sommes déjà à 1700 m de dénivelé, et pas mal de kilomètres), et les sacs lourds, ça va être "coton" ! Heureusement, je perçois, en deuxième analyse, une possibilité de cheminement sur l'arête, jusqu'aux pentes de neige. Aérien et un peu délicat certes, mais incontestablement la meilleure solution.
Tout le monde étant passé, nous pouvons enfin chausser les skis et nous laisser glisser vers le refuge Adèle Planchard, perché à 3169 m. Nous retrouvons Benoît et Jean-Marc, qui nous attendent depuis des heures, et qui ont eu le temps de se chauffer les os au soleil..
Le repas est le bienvenu, nous rêvons déjà à la course du lendemain, la météo nous sera favorable..
Bonne nuit à tous !
Les photos de ce premier jour :