samedi 22 avril 2017
Ce fut une journée d'initiation très chouette: grand beau, de bonnes conditions, un groupe sympa, une très bonne ambiance, deux couloirs pour le prix d'un!
Que demander de plus?
Les photos de Ferdinand sont ici: https://goo.gl/photos/7u76DfQ8jnnBwdFn8
Je le laisse vous raconter:
Du fait de l’impossibilité de Phil d’être avec nous, Nathalie se joint à Marie-Loï et à moi pour encadrer cette sortie d’alpinisme cotée PD. Tant mieux, elle connaît le Bony d’Envalira, ce qui n’est pas notre cas… Nous décidons de faire trois cordées de deux menées par les encadrants plus une cordée autonome. Maud, Martin et Mathias seront de la partie, plus Revaz et Julien en autonome.
Départ est donné le vendredi soir à 19h à Jules-Julien pour dormir au gîte de Nabre à Mérens-les-Vals (super adresse : très bon accueil, dortoir cosy, formule nuit/petit déj à 21€). Pas question en effet de se lever à 3h du matin… Un bon regel nocturne est annoncé pour les jours précédents, mais la journée de samedi s’annonce très belle et chaude. Il faut donc partir du parking de Grau Roig à 7h au plus tard...
Lever à 5h, petit-déjeuner, nous partons du gîte à 6h03, parfaitement en phase avec notre planning. Direction Grau Roig. Dans la voiture, peu avant L’Hospitalet, Revaz réalise soudain : « Les gars, je crois que j’ai oublié mes chaussures au gîte... ». Appels de phare à la voiture de tête, demi-tour direction le gîte pendant qu’eux continuent direction l’Andorre. Re-départ direction Grau Roig. Arrivés au parking à 7h05, nous retrouvons le reste du groupe. Malgré tout, nous sommes encore dans le timing fixé par Marie-Loï. Départ 5 mn plus tard, sans les raquettes (la neige étant bien dure et le sommet vraiment pas loin…).
A 8h30 nous sommes au pied des couloirs nord. Comme prévu, nous optons pour le deuxième couloir sur la gauche, un peu plus long (PD, 200 m de dénivelé) et le plus intéressant avec une légère difficulté vers le sommet. C’est un itinéraire idéal pour notre groupe, entre initiation et reprise pour la plupart. Et aussi un objectif sécurisant pour la première sortie de Marie-Loï comme principale encadrante et une première aussi pour moi en tant que co-encadrant… Après les consignes de sécurité et quelques conseils sur l’encordement, les cordées partent par deux corde tendue à l’assaut de la pente. La neige, bien dure sur la partie basse du couloir, se transforme plus haut en « gros sel » sous une croute de surface. La trace s’enfonce parfois jusqu’à mi-mollet ; quelques blocs de neige durcie décrochés par les premiers dévalent la pente, mais rien de problématique. L’ensemble du couloir étant bien enneigé, l’ascension ne pose aucun problème.
Arrivés rapidement au sommet (à peine 9h30), nous décidons de rejoindre la vallée en face nord par le premier couloir. Un bon exercice de descente en pente raide, qui de face, qui dos à la pente.
Au pied des couloirs, nous décidons de faire un petit atelier d’arrêt de glissade sur neige. Sans crampons ni piolet, avec crampons sans piolet, avec crampons et piolet… Chacun s’essaye aux différentes techniques. D’abord en s’asseyant sur les fesses, puis en augmentant la difficulté : sur le dos, la tête en bas…
Après ce bref intermède pédagogique, la journée étant tout juste entamée et les températures pas trop élevées, nous décidons d’aller voir quelles sont les conditions dans le couloir NE (corridor dels Mussols, AD+). Contrairement aux précédents, personne n’y est passé récemment : il faut faire la trace. Pas de problème pour la première partie (30-40°) ; la seconde est un étroit passage, nettement plus raide (50-55°?) entre deux ressaut rocheux. Dans ce corridor bien à l’ombre, la neige est plus dure que dans les premiers couloirs, parfaite pour cramponner facilement. Pas besoin d’utiliser le relais installé sur la gauche à mi-parcours de ce raidillon. Arrivés en haut du couloir, nous voici face à la difficulté de l’itinéraire : un court passage plus raide mêlant glace, neige dure et moins dure, et rocher (avec plusieurs blocs se délitant facilement). En tête, je dois dégager quelques cailloux instables pendant que les autres cordées posent des anneaux de sangle pour s’assurer dans cet étroit raidillon pas très accueillant. Pour franchir le passage délicat, il faut s’adapter au terrain mixte : une main sur le piolet ancré dans une étroite veine de neige bien dure, l’autre sur le caillou, l’avant des crampons crochetant parfois un bout de rocher. En 2-3 mouvements, le mauvais pas est franchi. La sortie se fait entre rhododendrons nains et rochers, le piolet s’ancrant si nécessaire dans la terre. Après avoir posé un relais de sangles, bien installé sur un petit siège herbeux, je guide Mathias à franchir les dernier mètres. Vient le tour de la cordée de Nathalie qui, bien qu’elle ait sorti son deuxième piolet, usine un peu en tête dans ce court passage redressé. Puis Marie-Loï qui emporte le passage à l’arraché. Sa compagne de cordée, de même à grand renforts de « Aaah », « Vas-y Maud ! » ; sa victoire finale retentit bruyament à travers les cimes… La cordée autonome, Julien en tête, suit sans grand problème. Ravis - un peu transis et épuisés pour certains – nous profitons du grand soleil printanier et des températures clémentes pour prendre notre repas sur les pentes herbeuses à la sortie du corridor dels Mussols.
Le retour se fait en rejoignant le sommet du Bony d’Envalira puis en descendant par le versant sud dont la partie haute est totalement déneigée. En bas du sommet, nous retrouvons la neige qui descend en douces courbes jusqu’à la station. Nous en profitons pour ménager nos jambes grâce à de longues glissades collectives. L’occasion pour certains de parfaire leur technique de l’arrêt…
De retour au parking vers 15h30, toute l’équipe est ravie d’avoir bien rempli cette journée et de s’être offert ce dernier couloir en AD+. Au moment du départ, une fois confortablement installés dans la voiture et impatients de s’arrêter pour un rafraîchissement bien mérité, Revaz se manifeste derechef : « Au fait, vous avez payé le gîte ?? ». N’ayant pas versé sa participation nous voilà bons pour un troisième passage au gîte. Nous apprécions bien le lieu mais quand même…
Ferdinand