Compte rendu du raid autrichien CAF « ski de randonnée en Otztal, sur les traces de la momie Otzi »

                                                      Du samedi 31 mars au dimanche 8 avril 2018

Un détective munichois, Alexander Horn, de la police de Munich accepte une grande mission, confié par le musée archéologique de Bolzano  en Italie:

Déterminer les causes exactes de la mort d’Otzi, exposé au musée depuis sa mise au jour en 1991.

La momie s’est retrouvée emprisonnée dans les glaces, à la frontière italo-autrichienne sous le col Haustabjoch , jusqu’à ce que, réchauffement climatique oblige, deux alpinistes la découvrent, en excellent état de conservation.

Plus précisément, il gisait sur une ligne de crête à 3 210 mètres d'altitude, côté italien, lieu de son inhumation.

Dix ans plus tard, elle se retrouve sous les rayons X révélant qu’il avait été probablement victime d’une flèche se logeant en dessous de l’épaule.

Aujourd’hui, grâce aux progrès de la police scientifique, Alexander a compilé une multitude d’informations, afin de déterminer sa mort, en un jour funeste, d’il y a environ 5 300 ans dans les Alpes d’Otztal.

Quelques passages d’un article du New York Times retraçant  l'enquête passionnante de l’enquêteur.

Otzi, «l'homme des glaces» a-t-il été tué il y a 5 000 ans par un mari jaloux ?

«Quand on me l’a proposée, raconte l’inspecteur Horn au quotidien américain, j’ai pensé que ce serait trop difficile, tant de temps s’était écoulé. Mais en fait, Otzi était dans un meilleur état que bien des victimes d’homicides récents sur lesquels j’ai travaillé.»

Qu’apprend-on sur lui ? Beaucoup de choses.

Qu’il mesurait 1,59m (taille moyenne à l’époque) pour environ 50 kilos, qu’il avait environ 46 ans (ce qui est relativement vieux au néolithique) qu’il portait la barbe, les cheveux longs, les yeux marrons et qu’était tatoué de la tête aux pieds présentant des signes d’acupuncture (fines incisions dans la peau, remplies ensuite de charbon)

Son physique, délabré, était celui d’un homme qui marche beaucoup mais fait peu travailler le haut de son corps : calculs à la vésicule biliaire, parasites digestifs, artères calcifiées, rhumatismes…

L'analyse de son génome a confirmé que ce citoyen de l'âge du bronze était prédisposé aux maladies cardiovasculaires et révélé qu'il était intolérant au lactose.

Elle a aussi identifié des séquences du génome de Borrelia burgdorferi, bactérie responsable de la borréliose de Lyme.

Ce qui signifie : Ötzi est le plus ancien cas documenté de cette infection transmise par des tiques, qui peut s'accompagner d'atteintes neurologiques et rhumatismales.

Aux outils classiques de la médecine légale, Horn a ajouté ceux de sciences plus confidentielles, comme l’archéobotanique et la paléométallurgie.

Elles lui ont permis de divulguer des traces de pollen permettant de situer la mort à la fin du printemps ou au début de l’été.

Dans les deux jours précédant sa mort, il avait ingurgité trois viandes différentes et était descendu dans la vallée d’une altitude d’environ 2 000 mètres pour remonter ensuite sur les lieux du crime.

Car il ne fait pas de doute pour Horn qu’Otzi a été assassiné, victime d’une flèche tirée d’une trentaine de mètres, l’atteignant à l’aisselle avant de sectionner l’artère subclavière, d'autant plus  il y a 5 000 ans à 3 200m d’altitude. Aujourd'hui encore, à défaut d'une prise en charge immédiate, ces blessures sont mortelles dans plus de 60 % des cas.  Voilà pour les circonstances de la mort.

Mais avant, que s’est-il passé ? Tous ces éléments, plus une profonde entaille à la main droite, entre le pouce à l’index, suggèrent un scénario à l’inspecteur Horn.

Il serait redescendu sur son village où il aurait eu, avec un congénère, une sérieuse embrouille, dégénérant en une altercation dont il serait sorti vainqueur (pas d’autres blessures que cette entaille à la main). Il se serait alors équipé pour fuir : des braises dans un fût en écorce de bouleau, de la nourriture dans un «sac à dos à armature en bois», de quoi se confectionner un arc, et comme toute arme, un ridicule (même pour l’époque) poignard en silex.

Mais il n’était pas dans l’urgence, avance le détective. Il en veut pour preuve qu’une heure avant sa mort, il  s’était offert, à l’endroit où il avait choisi de bivouaquer et où il périra, un repas roboratif : viande de bouquetin, crue ou fumée, de l’épeautre peut-être sous forme de pain, de la fougère… «Il est évident que vous ne vous préparez pas un tel repas si vous fuyez quelqu’un qui veut vous tuer», raisonne Horn.

Reste le mobile. «Son assassin voulait le tuer, assure le policier allemand. Le vol n’était pas le motif  puisqu’on a retrouvé les objets de valeur qu’il avait emportés, notamment une hache en cuivre, des vêtements adaptés au froid confectionnés à partir de cuir d’au moins dix animaux différents..

Si son meurtrier était retourné au village avec la hache, cela revenait à se dénoncer, poursuit le policier. En fait ce crime ressemble beaucoup à ce qu’on voit aujourd’hui. La plupart des homicides sont commis pour des motifs personnels et suivent des accès de violence. Il m’a fait du mal, je vais le chercher, le trouver et le tuer. Ces sentiments sont éternels.» 

Et si l’homme de glace avait été tué par un mari jaloux.

Il n’en fallait pas plus, pour nous lancer sur ses traces, en fins limiers.

Les photos de J1:

https://photos.app.goo.gl/LkeBLpFsiyyahq5Q2

 Le début de notre épopée commence par une visite au guichet de la compagnie aérienne afin de mettre la main sur deux paires de skis en perdition, éléments essentiels pour notre progression.

L’entretien individuel se soldera par un détour obligatoire sur la station huppée de Sölden.

Affrété pour  9 h le lendemain, le chauffeur de taxi poussera ses chevaux  à plus de120km/h pour nous décharger sur Rofen. Il est vrai que nous n’étions point en avance…

D’entrée le ton est donné, l’accès aux divers refuges invite à la prudence tant le terrain est escarpé. De plus, le vent violent s’en donne à cœur joie. Nous inspectons à la loupe de vieilles traces pour  la première traversée, le long d’un câble plus ou moins enfui, qui laissera une impression d’exposition. Les talkies walkies sortent de leur léthargie. Cela passe, nous sommes en vue de l’hébergement : Vernagt Hutte(2755m)…sauf  que c’est juste celui du final ! Trop tard pour espérer rejoindre l’officiel, nous en restons là d’autant qu’il y a de la place dans la cave …Nous noyons notre petit chagrin dans la mousse.

Les photos de J2:

https://photos.app.goo.gl/kohG7tOCJc6cKZJ62

Le lendemain, après le passage du Guslarjoch(3361m) suivi du sommet du Fluchtkogel(3500m), le jour "blanc"s'invite pour une descente au terrain surprenant. Puis, la pose des spatules  sur le glacier Kesselwandferner illuminera l'horizon. La carte n'est plus à jour tant le recul glacière est important. Cela passe en rive droite, à l'aplomb du Mutspitze. La neige s'alourdit très vite. A la cote 2600, nous préférons enchaîner les virages jusqu'à la passerelle sous le Hospitz Hutte(2412m) plutôt que la longue tangente à la courbe.

Un dernier effort avec l'aide des peaux et des couteaux nous dépose sur la terrasse ventée du refuge. Gérée par le DAV de Berlin, la bâtisse est imposante mais au combien chaleureuse, sans la foule bariolée des skieurs. Un havre de paix dans ce monde de brutes!

Les photos de J3:

https://photos.app.goo.gl/R2DKuUL9ll8kbeRi2

En cette belle matinée, nous prenons la direction du Hauslabjoch(3283m) par le Hochjochferner, à la recherche d'empreintes de notre ancêtre glacé. A l'approche du lieu dit, le plafond s'écrase sur nos oreilles et la tourmente fait son apparition. Ayant quelque peu de retard sur la tête de l'expédition, afin d'éviter la congélation d'un autre élément de l'équipe, en l'occurrence Fanou, Sylvie, Christian et votre serviteur prennent le chemin du retour avec l'aide du GPS tandis que Gérard, Hélène et Loïc foncent sur le mémorial à grands coups de crampons. L'individu est bien passé par ici...Une éclaircie au bon endroit, au bon moment et c'est l'extase.

Les photos de J4:

https://photos.app.goo.gl/Iq6Njy9wzEewqkFl2

Au lever, les cimes environnantes restent accrochées avec toujours, un fort vent de Sud. Point de répit annoncé.

Après la découverte de la stèle, bien que les maçons nous aient précédés, une ballade dans les environs s'imposait dans l'axe du Langtauferer Spitze(3528m) le long de l'interminable glacier Hintereisferner, histoire de s'aérer les neurones.  Sans visibilité, à 3000m, nous entrons une zone crevassée où l'encordement  s'avère nécessaire si nous ne voulons pas prendre le chemin d'Otzi. Cela nous tente moyennement. Nous favorisons le retournement de situation, d'autant que la neige est totalement cartonnée. Un fabuleux repas à base de chou nous attend...avec le délestage du porte monnaie!

Les photos de J5:

https://photos.app.goo.gl/9WXraUqsAEKWBLIQ2

Nous quittons avec grands regrets notre cocon pour revenir  sur les pas de J3. Gérard trace une variante à la traversée pour atteindre le Kesselwandferner. Rapidement, nous tombons sur le cheminement classique des Autrichiens. Les bougres, ils ne s'embarrassent pas avec les conversions!!!!!

Encore une fois, le passage du col sous le Fluchtkogel(3361m) est un tantinet ventilé mais l'envers nous réserve une descente de rêve d'autant que la lumière est de la partie. Sympa pour les prises de vue!

Malheureusement, la Vernagt Hutte(2755m) pointe déjà son nez au détour d'un vallon, concluant cette journée dantesque.

Les photos de J6:

https://photos.app.goo.gl/2vDDoIc3rzpaJcdi2

Enfin, les éléments se sont calmés. La poudreuse est là, en face du refuge, en versant Nord, vierge de toute activité. Mais, le Wildspitze(3774m), deuxième plus haut sommet de la contrée fait de l'ombre en arrière plan.

Deux groupes s'assignent naturellement:

-Gérard et ses Gégettes Fanou/Hélène pour la pointe locale à caractère alpinistique.

-Mézigue, Christian, Sylvie et Loïc pour la découverte des combes Nord environnantes, privilégiant le ski.

Pour notre part, nous commençons par le Mittlespitze(3126m) puis, suite à la collation, nous enchaînons la pointe Nord( 3072m) du Hintere Spitze.

Monsieur"Partout", un serveur croisé de nombreuses fois durant cette semaine, s'en donne également à cœur joie. La poudre, froide, légère est bien au rendez-vous.

Egalement, Gérard et ses nanas s'éclateront sur l'ascension ainsi que sur la descente qui s'ensuivra.

Sans regrets, ni remords, l'ensemble de notre entreprise arbore une banane bien méritée devant une mousse en terrasse.

Les photos de J7:

https://photos.app.goo.gl/aRiHBMCpMdAcU1UQ2

Les photos de Gérard et ses Gégettes J7 Bis:

https://photos.app.goo.gl/ycDqelxYUyT9Ert02

Sur les conseils du tenancier, le taxi ne pourra venir nous chercher passé 10h du matin. En effet, l'Equipement ferme la route car les conditions avalancheuses restent omniprésentes jusqu'à Solden.

Sur des airs de Printemps, à Otztal Banhof, un dernier repas accompagne Sylvie et Loic, qui reprennent la route pour Lyon dans la foulée.

Nous rejoignons la civilisation munichoise en train où se profile la taverne de clôture. Les petites tenues légères sont de sortie. A l'inverse, le lendemain, la plaine toulousaine nous réserve un accueil pluvieux et grisâtre.

Les photos de J8 :

https://photos.app.goo.gl/zNZ0JzVHjvIwjRO32

En conclusion, nous n'avons pas avancé d'un iota sur l'enquête concernant Otzi. Laissons  cette affaire aux spécialistes scientifiques.

Par contre, nous avons rencontré une ambiance conviviale, bien loin des usines à randonneurs, malgré les difficultés d'accès et une  météo capricieuse.

A bientôt pour d'autres aventures.

Jean-phi

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