Durée : 3 jours, du vendredi 1 au dimanche 3 novembre 2019
Discipline : grandes voies équipées et semi équipées
Lieu : Riglos – Mallos de Riglos et Peña Rueba
Encadrants : Liviu BALEA – Clément ARTHURION – Thomas DELPHIN - Alexis COURNET
Participants : Lilia, Amelia, David.
Hébergement : Refugio de Riglos (dortoir de 8 personnes, avec wc et douche intégrés)
Lien photos :
https://photos.app.goo.gl/zKWfFkzTWFs8Cbu88
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Objectifs : proposer des grandes voies classiques et moins classiques dans un cadre grandiose et mondialement connu, los Mallos de Riglos aux participants bénéficiant d'un niveau minimum 6a.
Descriptif :
« Les sanglots longs des violons de l'automne blessent mon cœur d'une langueur monotone » disait Paul Verlaine. « Qué va ! » Pourrait lui répondre tout de go son collègue Cervantès. En effet, les prévisions météo étant bien maussades en France par ce week end automnal au point de décourager certains participants, la seule destination proche de Toulouse éventuellement épargnée est l'Espagne. Le choix est porté sur le site des Mallos de Riglos en Aragon. Lieu magique auréolé de tous les superlatifs pour tout amoureux de la nature, de sa force créatrice et de sa poésie unique.
J1 – vendredi 1/11.
Le groupe se répartit en trois cordées indépendantes et autonomes.
La météo se présente sous des auspices accueillants. Un ciel voilé en début de matinée et rapidement les premiers rayons de soleil qui obligent à faire sauter les épaisseurs. Pas de vent. Les conditions sont indécemment idéales.
Une première cordée guidée par Clément et Alexis avec David se dirige vers le mallo Frechin, globalement au centre de la muraille principale. Objectif : la voie « Irene y la Paz » / 210m / 6b+ max.
La voie propose un itinéraire d'un niveau homogène, avec deux pas dur en 6b+/6c puis en 6b+, le reste étant continu autour du 6a+.
Il s'agit d'une première voie ici pour Clément qui découvre avec gourmandise les joies des préhensions spécifiques liées au rocher conglomérat. Clément et Alexis restent en tête pour cette première voie. Galets oblongs nommés classiquement « patatas » sont les plus répandues. A la faveur d'une érosion différentielle, la paroi présente des ventres et des creux, à telle enseigne qu'on appelle ces formes des « panzas » (ventre en Espagnol).
A peine 3h45 après le départ, la cordée se dirige vers un autre pic, le mallo colorado. Cette fois-ci, David, désormais aguerri au rocher local si spécial, mène la cordée en tête jusqu'au sommet avec vitesse et précision dans la confection des relais. Voie réalisée : Los kilos te sientan bien / V+ max / 75m.
Une deuxième cordée, constituée de Liviu et de Lilia, visite le mallo Fire, pic isolé le plus à l'ouest du massif, avec la Punta Mallafré (point culminant de mallos de Riglo) avec la voie Esteban de Pablo / 6a. Il s'agit d'une première expérience pour Lilia qui découvre, non sans succès, tant le rocher que la grimpe en tête en grande voie.
Une troisième cordée rassemblant Thomas et Amelia s'attaque à une grande classique du mallo cuchillo, avec la voie Currucuclillo 200m / 6a+ max.
Les deux cordées finissent cette belle première journée en visitant les couennes du pied de la face ouest du mallo Pison.
Le groupe se reforme autour de quelques cañas fraîches et commente la journée autour d'un repas copieux servi par une équipe du refuge toujours aussi sympathique.
J2 – samedi 2/11.
Un nouveau brassage des cordée est opéré.
La météo est un peu moins clémente que la veille. Le ciel est gris et quelques rapides et légères ondées perturberont la journée. Il conviendra de saisir avec plus de précautions les prises sélectionnées.
Une première cordée constituée de Clément et de Thomas a pour objectif de réussir une voie aussi réputée qu'exigeante, la voie Murciana au Pison 260m / 6c. La cordée se déjoue de l'ensemble des difficultés que propose cet itinéraire qualifiable d'exceptionnel. Dièdres techniques, champs vertical de patates ininterrompu, panzas « péchues » qui jalonnent la fin de la voie. Non contente de cette belle croix, la cordée randonne dans une voie égaiement classique mais plus abordable, au malo mazizo central, el espolon del amadello 200m / 6a max.
Les deux autres cordées font voiture commune et se dirige vers le massif moins connu de Peña Rueba, à près de 5 km l'ouest du massif de Riglos.
Une cordée constituée de Liviu, Amelia et David décide d'appréhender une voie semi équipée, la voie Via del 75 300m / V+ max. Le départ initialement en vue très délicat et peu engageant ramène Liviu vers une voie qui ne se trouve pas encore dans le topo. Cela l'oblige par la suite, par quelques pas de funambule, à une traversée délicate afin de rejoindre le bon itinéraire, lequel commence par du terrain d'aventure bien protégeable et du semi-équipé. Le changement de rôle toute les deux longueurs permettra à David et à Amelia de se familiariser avec la pose de protections.
Une autre cordée composée de Alexis et de Lilia s'attaque à la voie Sendero Limite 300 / V+ max. Lilia est mise assez rapidement dans l'exécution de nouveautés : constitution de relais, gestion de problématiques de cordées enchevêtrées en relais, clipage simple et double brin, rallongement de dégaines en fonction de l'itinéraire, progression en corde tendue en second et en tête sur les parties finales de la voie (niveau III).
Les deux cordées se rejoigne sur une fin de voie commune, au nez et à la barbe d'un cortège de vautours fauves (pas moins de 16 spécimens alignés), maître des lieux, juchés sur un mirador naturel au dessus de nous.
La descente se poursuit de manière ludique avec une via ferrata et un sentier bien cairné.
Le groupe de retrouve autour d'un repas roboratif conçu par le Chef Liviu. Un succulent parterre de fines céréales rehaussée par des petits dés de porc fumés avec sa sauce au saveur lactée. Autrement dit, un merveilleux pâtes carbo cuisiné avec amour.
J3 – dimanche 3/11.
La pluie qui est tombée toute la nuit durant, finit pas laisser place dès le milieu de la matinée à un soleil étincelant qui sèche les unes après les autres les faces sud, révélant leur intenses teintes ocres et inimitables.
Deux cordées constituées respectivement de Clément-Liviu et de Thomas-David s'élancent à l'assaut d'une voie incontournable du massif. El Puro du mallo Pison, première voie gravie par les anciens. 180 m / 6b max. Faisant fi d'un vent puissant et toujours présent au droit du goulet d'étranglement (col du Puro) , les deux cordées accomplissent cette visite obligatoire avec brio.
Pour Amelia, Lilia et Alexis, le temps est davantage à la visite du massif en randonnant, sur un itinéraire généreux qui permet de dévoiler sous tous ses atours les plus beaux points de vue du massif.
Ce séjour aura permis de remplir ses objectifs et bien au-delà. Les participants ont pu apprendre et consolider les techniques d'évolution en grande voie sur un des sites les plus extraordinaires qui soit.
S'agissant de la météo, un choix osé mais réussi avec une victoire pleine et entière : J1 1-0, J2 2-0, J3 3-0 soit un savoureux 3 jours de soleil -0 jours de pluie !
Pour les encadrants, ce fut une bien belle expérience de proposer ces enseignements et d'offrir un tel voyage aux nouveaux venus et de, il faut bien le dire, de revivre une nouvelle expérience riglossienne.
A n'en pas douter, une excellente sortie collective (encore!).