Durée : 2 jours, le samed12 et le dimanche 13 septembre 2020

Discipline : alpinisme rocher

Lieu : Pic du Midi d’Ossau

Noms des courses :

Samedi :  Cordée Amelia & Alexis - Pointe Emmanuelle – Eperon de la Vierge – D-/200m // Cordée Pierre & Jordi – Espolon de los Muchachos – AD+/180m

Dimanche : Traversée des 4 pointes D+/800m

Encadrants : Jordi CHINAUD et Alexis COURNET

Participants : Amelia, Pierre

Lien photos :

https://photos.google.com/album/AF1QipPdbDlVP4-bBxvzBvJOf7QJiPp72uH4XtAalaZ7

Descriptif :

Le projet de cette sortie consiste à parcourir les flancs convoités de l’une des plus belles montagnes des Pyrénées, le pic du midi d’Ossau. Les guides et explorateurs Munsch, Ravier, Thivel écrivaient, dans l’ouvrage de référence Passages Pyrénéens, au sujet de ce sommet qu’il s’agit d’un « Monument d'origine éruptive ; […] pierre de touche de l'escalade pyrénéenne. Depuis l'entrée de la vallée qui y mène, la simplicité et la hardiesse de son profil semblent jaillir d'une peinture enfantine. D'aspect bicéphale, le monstre cache dans ses entrailles pointes et crochetons cuirassés de murailles exemplaires, et la succession de cirques suspendus qui séparent les abîmes cuivrés égare parfois les cordées. Bâti sur le versant français de la chaîne, riche d'une centaine d'itinéraires différents, l'Ossau est la sommet le mieux pourvu en voies d'escalade des Pyrénées. »

Parmi les nombreuses voies de ce sommet si complexe enclines à ravir tout grimpeur aguerri, figure celle de la traversée des 4 pointes. Cette course propose de parcourir avec magie et élégance la succession de la pointe Jean-Santé, la pointe Aragon, le Grand Pic, le Petit Pic. L’escalade est globalement soutenue et exige vitesse dans les manipulations et l’évolution. Le grimpeur devra se défaire de cheminées athlétiques, de fissures-dièdre, de traversées aériennes, de murs courts mais raides et enfin d’arêtes effilées défendues parfois par d’imposants gendarmes. La principale difficulté résidera probablement dans la lutte contre le temps lui-même. La cadre de la course est un voyage au sein des lieux les plus secrets et les plus grandioses de cet exceptionnel géant de pierre. Patrice de Bellefon, dans son ouvrage Les cent plus belles courses des Pyrénées (ouvrage au sein duquel cette course occupe la 62ème place) considère qu’une telle aventure « est la façon la plus attrayante de devenir un familier de cette belle montagne. Plus qu’une conquête, cette course est une longue conversation avec un nouvel ami pour qui l’on souhaite de se découvrir des affinités solides ».

La recherche d’itinéraire est particulièrement exigeante du fait d’informations parcellaires topographiques mais fondamentale afin d’éviter de se fourvoyer dans des lieux dont il pourrait être complexe de s’extraire.

Déroulement des courses :

Fort d’une expérience en alpinisme avérée, Amelia et Pierre font part de leur enthousiasme et de leur souhait de réaliser cette course ambitieuse. Nous formons deux cordées de deux personnes, configuration d’une sortie CAF nécessairement réduite afin de permettre une vitesse d’évolution appropriée.

En début de matinée du samedi, nous cheminons d’un pas vigoureux malgré un sac lourd chargé d’équipement de bivouac, sur les pentes menant au refuge de Pombie. Deux Patou du berger en liberté viennent à notre rencontre et nous obligent à une première maîtrise de soi face à l’imprévu. Bien vitre, nous déposons nos sacs à dos encombrant sur un replat à l’herbe jaunie par un été caniculaire, au sein de l’aire dédiée de bivouac tout près du bâtiment aux pierres grises et aux encadrements rouges.

Chacune des deux cordées se lance dans une course courte et facile afin de se familiariser avec les lieux. Amelia & Alexis prennent pied sur la Pointe Emmanuelle, en gravissant l’Eperon de la Vierge – D-/200m. Pierre & Jordi se dirigent à gauche de la voie normale et parcourent l’Espolon de los Muchachos – AD+/180m. Chaque cordée évolue principalement en corde tendue et a besoin de 2h30 pour gravir son sommet.

Nous nous retrouvons vers 17h30, chacun profondément ravi de cette entrée en matière verticale. Au pied du colosse, nous assistons fascinés par le jeu de lumière du couchant qui révèle l’infinie complexité de ce corps minéral puissant. Bientôt, le ciel déploie une nappe céleste d’une lumière si pure.

Dimanche matin, dès 5h45, nous entamons nos premières foulées en direction de la grande rallière et traversons la nuit à l’aide de nos frontales vigoureuses. Au sein de cet éboulis homérique, il convient de choisir avec vigilance chaque bloc pour prendre pied et progresser. Après une heure d’une marche d’approche continue et efficace, nous rallions l’entame du couloir du Peyreget, lieu du départ de la voie désirée, pour accéder à la brèche Santé-Aragon.  Dès 7h30, accompagnés par les premières lueurs claires d’un jour s’annonçant particulièrement ensoleillé, chaque cordée évolue dans le couloir en corde tendue. La première difficulté consiste à gravir une cheminée austère que les anciens avaient évalué, selon les canons de l’époque il est vrai, à IV+ et qu’il serait plus réaliste de noter V+/6a. Puis, au pied d’un infranchissable mur sombre et compact, un second pas athlétique sur des prises en quartz blanc permet de traverser astucieusement la face minérale et de se diriger vers la lumière réjouissante du soleil matinal. L’ascension ne présente aucune indication, il y a lieu de « passer au plus facile » (sic). Nous rallions la brèche entaillée majestueusement au pied d’une aiguille désormais aisément accessible. Depuis cette première pointe, la pointe Jean Santé, il est possible de distinguer précisément les grands gerbes orange et jaune moutarde qui rayent un édifice formés d’immenses blocs chaotiques, la pointe Aragon.

De retour à la brèche, nous choisissons de gravir la base de la deuxième pointe par la variante élégante mais vigoureuse de Barrio-Bellocq. Nous remontons un dièdre assez physique (V) puis franchissons une cheminée du même acabit. Nous parvenons à une terrasse de laquelle semblent partir plusieurs itinéraires, tous semblent, selon nous, compatibles avec les indications du topo. Une cordée se lance un peu trop à gauche et se doit de faire machine arrière, en posant un anneau de corde et un maillon. L’autre réalise une tentative vaine en allant un peu trop à droite. Nous progressons finalement via un système de vires et nous nous retrouvons confrontés à une fissure assez raide (6a+), obligeant l’usage des chaussons afin de réaliser un mouvement Dülfer. Nous parvenons à franchir cette difficulté non signalée dans le topo et approchons la base d’une des deux fissures en « S », superbe cheminée où il convient de progresser en opposition (doc plaqué sur l’un des côtés du rocher) puis en allant agripper des blocs profondément enfouis au cœur de cette colonne du vide. Nous parvenons, après une trop longue progression liée à une recherche d’itinéraire en demi-teinte, enfin au sommet de la Pointe Aragon. De ce magnifique promontoire, il est possible de prendre toute la mesure de la muraille gigantesque, abrupte et sculptée du rein de Pombie, de la face sud Grand Pic et du Petit Pic.

Nous désescaladons la pointe conquise de haute lutte mais déjà lointaine de nous et de nos préoccupations, en suivant le fil d’une arête parfois délitée et très aérienne. Nous gagnons le rein de Pombie, à quelques mètres d’une marche de la troisième pique, le Grand Pic. Toutefois, les couleurs chatoyantes de la lumière nous confirment que le temps presse et nous incitent à nous diriger vers le chemin du retour plus tôt que prévu, en empruntant la voie normale. Nous nous restaurons sur le pouce et entamons la lente et longue descente de la voie la plus empruntée de l’Ossau, et assurant notre sécurité, c’est-à-dire en réalisant trois rappels dans les trois cheminées débonnaires mais parfois théâtre de quelques funestes accidents. Nous laissons ainsi de côté la descente du Grand Pic puis l’ascension du Petit Pic, sa descente ainsi que celle de l’arête de Peyreget.

Nous fixons de nouveau nos frontales sur notre casque et regagnons le lieu du bivouac en déambulant au travers des grands blocs stables du chemin de randonnée. Puis, depuis le parking d’Anéou, nous démarrons notre véhicule vers Toulouse avec un voyage en pleine nuit, intensément fourbus mais joyeusement satisfaits de cet intense échange avec le plus béarnais des Jean-Pierre.

Résumé des temps :

Départ bivouac Pombie: 5h45

Au pied de la voie : 6h45

Début ascension : 7h15

Sommet pointe Jean Santé: 10h30

Sommet pointe d'Aragon: 15h

Rein de Pombie : 19h30

Retour bivouac Pombie : 21h30

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