Neige-météo :
- Beau temps, ciel dégagé, se voilant de cirrus l'après midi. Température de 5°C à 2103m d'altitude, sur le parking El Cubil, à 10h00. pas de vent, sauf entre 12h et 13h, entre 2400 et 2600 m d'altitude.
- neige dès le parking (départ ski aux pieds). Neige dure, gelée, puis au long de la journée, la couche de glace du dessus se rompt sous nos spatules, avec dessous une neige poudreuse (type gobelet), non porteuse. A 2400 m, où il y a une rupture de pente, neige soufflée et gelée laissant apparaître des cailloux. Au col, neige soufflée. Sur la face sud du col, de nombreuses plaques d’herbes apparentes. Pour autant on a vu une trace zigzaguant jusqu’au lac.
Course (annoncée avec une niveau débutant) :
- PROFIL GROUPE : groupe de 3 personnes + 1 encadrant. Après les échanges mails et coups de téléphone pour préparer la course, le groupe est constitué d’une personne ayant fait de la rando l’été, mais aussi une sortie de ski de rando hors CAF, une personne n’ayant jamais fait de ski de rando, mais au fait du vocabulaire lié aux rando du type « course avec un dénivelé positif de 800m », et une personne pratiquant le ski de rando depuis de nombreuses années au CAF. Aux vues du profil des participant.e.s je propose à ceux qui en ont, de prendre piolet et crampons, pour les essayer en conditions réelles, dans des conditions simples.
- FRONTIERE ANDORRE : on a eu la surprise de voir un bouchon se former à la frontière. La douanière demandait la carte d’identité de toutes les personnes entrant en Andorre, pour les scanner et les rendre. 5 min par voiture, ou plus si le/la conducteur/trice prenait l’option « je râle ».
- TOPO COURSE PREVU : départ parking El Cubil, monter sur la piste (Azimut 294) jusqu’à 2300m, puis à iso-altitude, prendre l’azimut 186 pour rejoindre l’estany de coma estrama. Du lac, monter au col du mont Malus. Option 1 : du col, rejoindre le refuge du lac du Mont malus, et revenir au col. Du col redescendre vers le haut du teleski. Option 2 : prendre la piste rouge appelée « mont Malus », jusqu’au pont (altitude 2310 m), remettre les peaux, monter selon l’azimut 108 jusqu’à 2500 m, puis azimut 142 pour rejoindre le Portella Joan Antoni (altitude 2677 m). Dénivellé positif de la rando avec options 1200 m environ.
- TOPO COURSE : La montée en bord de piste (azimut 294) s’est bien déroulé, mais la traversée de la forêt que j’avais prévue à 2300m m’a semblé trop ardue car le sous les sapins, les nombreuses pierres (couvertes de neige) imposeraient un parcours en montagnes russes trop pénible. J’ai opté de longer le bord de piste jusqu’au dessus de l’Esatny de coma estrana. On a fait la petite combe bien sympa, loin de tout, avec une bonne neige, qui a permis de s’essayer à de bonnes conversions sans pouvoir se défausser à cause de la pente raide. En haut du tire-fesse, je croise un cafiste en ski de rando. Retrouvaille chaleureuse. On part ensuite sous le col avec une neige changeante, et un endroit pénible à cause des pierres apparentes mélées à de la neige glacée. Deux conversions délicates, passées sans encombre. Repas à 2500 m, au soleil (mais au vent) pendant 20 minutes et on repart. Arrivée dans la combe sous le col, la fatigue commence a peser sur le groupe. Cette fatigue, légère mais insidieuse, altère le mental du groupe. D’autant qu’au dessus de nous (à droite en regardant le col, sur les pentes du mont malus), on peut voir qu’une belle plaque qui est partie, avec une épaisseur d’au moins 50 cm, si ce n’est 1 m. Les blocs de neige, glacés s’étalant presque jusqu’à nous semblaient nous défier. On a attaqué la montée du col par la gauche dans une combe bien enneigée. On a mis en place une distance de sécurité entre chacun de nous pour passer cette combe avec 3 conversions. Après l’avoir passée, on a discuté des risques pris. On a pu voir que la plaque, à droite, avait rompu pile sur une rupture de pente convexe, et que la pente que nous avions prise était concave jusqu’au col (col pelé au demeurant). Sous le col, c’était partiellement pelé, on a laissé les skis et on est monté à pieds. Avant cette montée, on a mis les crampons, « pour essayer ». On a pu prendre le temps de régler les crampons, car la météo était bonne, sans vent. D’un coup, cette mâchoire d’acier en place, créant une bonne adhérance au sol, le moral des troupes était bien meilleure. Du col, on a pris la décision collégiale de ne pas faire les options, finalement de redescendre vers la voiture car la fatigue était là. Après avoir retrouvé nos skis, on se lance dans la descente, avec une première chute avec un ski bloqué dans cette neige lourde, et légère torsion du genou, avec douleurs. Dans la combe, sous les blocs de neige de cette plaque à vent. Le moral a de nouveau chuté. Il a fallu faire une descente en toute sécurité, en 1 heure, alternant dérapage, chasse neige ou descente en escalier. Pour tenter de sortir de la peur, peur tuant toute initiative de virage, de prise de vitesse. J’ai alors raconté des histoires. Pour penser à autre chose. Merci donc à Demeter, Perséphone, Zeus, Hermès et autres d’avoir permis d’enclencher un virage ou deux par ci par là. Retour à la voiture sans encombres.
- RETOUR EXPERIENCE : La peur et l’angoisse sont des sentiments que l’on rencontre en ski de rando. Quel que soit le niveau de la personne. Et ces sentiments peuvent littéralement couper les jambes, voire même mettre la personne dans une posture dangereuse, lorsque sa prise de décision n’est pas la bonne (faire du dérapage ou du chasse neige dans de la neige lourde de printemps est très fatiguant, et ralentit énormément la descente, repoussant davantage encore l’espoir de la fin du calvaire). Dans notre sortie, les risques objectifs étaient faibles, à condition de respecter les consignes données, ce qui a été fait. Pour autant, pouvoir passer au-dessus de ses propres craintes, ces craintes qui nous révèlent les risques de notre pratiques et qui nous happent, ce n’est pas chose aisée. La pratique de la montagne est à mon sens un terrain de jeu où, en plus de trouver du plaisir d’être dans cet environnement majestueux, on peut affronter ses craintes, et (tenter de) les surmonter. Au niveau que l’on souhaite. Ces lignes que j’écris, au chaud, chez moi, participent certainement à cet exorcisme. J’espère, pour cette personne qui est passée dans ces affres, que le souvenir de cette sortie reste positif.
Photos:
voici le lien pour accéder aux photos. J'ai oublié pour ma part mon téléphone dans la voiture lors de la rando, et n'ai pas pu prendre de photo. En espérant que les participants aient pu en prendre et aient pris le temps de remplir ce dossier:
https://drive.google.com/drive/folders/1g54O5Agub9x1bOY7cwKxvqm9jXu5wtlD?usp=sharing
Merci à Jeremy, Céline et Karine