Durée : 2 jours, le samedi 10 et le dimanche 11 juillet 2021
Discipline : alpinisme rocher
Lieu : Pic du Midi d’Ossau
Noms des courses :
Samedi : Aiguille de Pourtalet – Escalada Piraneica 5c/105m
Dimanche : Arête des flammes de pierre D/350m puis enchaînement Traversée Petit Pic – Grand Pic AD/200m
Encadrants : Alexis COURNET et Nicolas SANS
Participants : Samy, Alain, Grégoire, Ivan.
Conditions météo : ciel bleu avec vent parfois rafaleux (40km/h)
Lien photos :
https://photos.app.goo.gl/RDcwriTSFU6NmhqP9
Descriptif général :
L’objectif de la sortie est de proposer une course longue, aérienne, et nécessitant un bon sens de l’itinéraire dans un cadre grandiose, celui du Pic du Midi d’Ossau.
L’idée maîtresse est de parcourir de manière élégante la silhouette si caractéristique du joyau béarnais en suivant la ligne esthétique en forme de « M » qui le caractérise.
La première étape consiste à réaliser une marche d’approche assez complexe et parfois exposée comme nous nous le verrons hélas confirmé durant le week-end. La deuxième partie représente l’ascension d’une arête aérienne, défendue par une grande brèche et quelques gendarmes massifs, jusqu’au sommet du Petit Pic. Le troisième volet consiste à désescalader le Petit Pic par le versant menant au pied de la fourche. La quatrième partie fait la part belle à l’ascension du Grand Pic depuis la Fourche. La cinquième et dernière partie consiste à redescendre par la voie normale du Grand Pic, en prenant soin d’assurer ses mouvements dans les 3 cheminées qui jalonnent la voie.
Déroulement des courses :
Suite à une très forte demande pour cette sortie et à une inscription par le site du club réalisée par 4 participants en moins de 20 secondes, un groupe motivé et enthousiaste se dirige dès le samedi matin sur les pentes enherbées du col du Pourtalet, sous un soleil estival radieux. L’objectif de cette première journée est de réaliser une escalade-plaisir, sur une voie équipée et peu longue et de tester, en vue du lendemain, l’efficacité des deux cordées en flèche. L’aiguille du Pourtalet avec la voie Escalada Piraneica 5c/105m est une bonne proposition. Si le programme de la journée semble recueillir joyeusement les suffrages du groupe, la matinée se teinte soudainement d’auspices funèbres avec la vision d’une victime décédée manutentionnée depuis l’hélicoptère Dragon 64 sur le chemin menant à la voie désirée. Cette victime est un jeune homme de35 ans, alpiniste semble-t-il aguerri, qui a funestement chuté lors de la marche d’approche de la voie Arête des Flammes de Pierre, la voie que nous emprunterons le lendemain. Le ton est donné, il conviendra de redoubler de vigilance.
Pour l’heure, les deux cordées en flèche arpentent le bon rocher de l’aiguille du Pourtalet et se préparent à l’assurage en mouvement (escalade en corde tendue) sur la dernière longueur qui sera dimensionnante pour respecter les temps de la course le lendemain sur la longue arête ossalienne. Le groupe, ayant rejoint le parking d’Anéou, charge les affaires de bivouacs pour passer la nuit sur la zone autorisée au voisinage du refuge de Pombie. Le soleil étant encore présent, certains adorateurs des baignades en montagne savourent un bain récupérateur dans le lac aux eaux limpides de Pombie.
Dimanche matin, à 5h30, le groupe fend la fin de nuit avec quelques frontales étincelantes. Les premières lueurs de l’aube irisent l’horizon et jouent à se refléter sur la surface calme des petits lacs qui jalonnent notre ascension vers l’entame de la voie. Le groupe traverse avec application et concentration les pentes raides et exposées, théâtre du terrible incident de la veille.
Nous apercevons l’étrange roue de vélo coincée dans un bloc rocher, signal que le début de la voie est proche.
Le topo de la voie imprimé en papier en main, et voilà que la recherche de l’itinéraire commence. De mon point de vue, un des charmes les plus forts de cette voie est bien celui de ne jamais être complètement certain d’être sur le bon itinéraire. D’une part, car il existe plusieurs variantes plus ou moins faciles pour accéder au sommet et d’autre part, car seuls 5 ou 6 pitons jalonnent les près de 400 mètres d’escalade pour vous signifier que vous êtes bien là où il faut. Gaston Rebuffat ne disait-il pas « À une époque où tout est de plus en plus planifié, programmé, organisé, pouvoir se perdre sera bientôt un délice et un luxe exceptionnels ». Il s’agit par conséquent d’un ravissement.
Il est délicat et peut-être rébarbatif de paraphraser la morphologie de la course décrite assez convenablement dans le topo. Cependant, en quelques mots, cet itinéraire me paraît être un formidable florilège de séquences d’escalade variées. Une cheminée constituée de deux pans de murs parallèles où il n’est pas possible de se protéger hormis en adossant son corps à la paroi, une succession d’évitements astucieux de différents surplombs lichéneux ou parois lisses, une brèche vertigineuse suivie d’une fissure cheminée avec bonnes prises, un cirque suspendu où l’intuition du montagnard avisé permettra de trouver la ligne de faiblesse la plus abordable, un ultime ressaut athlétique mais franchissable par de bonnes prises de main, … marquent d’un vif intérêt cette belle escalade.
Ayant atteint le sommet du Petit Pic avec un certain soulagement et une joie collective, il convient de lire désormais l’itinéraire de montée au niveau du Grand Pic. Une sensation de difficulté et de perplexité nous étreint depuis le sommet opposé. Fort heureusement, et c’est probablement une des autres expériences puissantes que nous offre la montagne, après celle de la recherche d’itinéraire évoquée ci-avant, est celle de la découverte de solutions au problème lorsque le corps s’approche du sujet. Au cas d’espèce, nous gravissons quelques dalles blanches en traversée de manière facile (III), alors que ces dalles paraissaient redoutablement retorses de loin, et poursuivons en corde tendue la face nord-ouest du Grand Pic par un système de cheminées contre toute attebnte débonnaires et accueillantes. Nous parvenons rapidement à la Pointe d’Espagne puis la Pointe de France avant de redescendre par la voie normale. Certains optent pour une désescalade des 3 cheminées, d’autres préfèrent rappeler dans ces passages difficiles pour plus de sécurité.
La redescente depuis le Col de Suzon vers la zone de bivouac où notre matériel a été laissé pour la journée permet de revisionner ces extraordinaires moments d’escalade perdus dans les entrailles d’andésites de Pombie. Il est déjà 15h30, près de 10h de course ont été nécessaires pour chevaucher le M magnifique de Pombie.