Un froid matin de février, une équipe de 6 motivés prend la route vers le parking du Pla de la Lau, départ bien connu pour l'ascension du Mont Valier. Mais ce n'est pas le projet du week-end : le Barlonguère est à notre programme, avec une nuit au refuge de Montgarri (carte en fin d'article). Probablement à cause des vacances qui ont déjà démarré pour les zones A et B, le refuge ne propose que 6 places pour la nuit du 12 février : Isa, Cécile, Lucie et Jean sont donc de la partie, accompagné d'Alain et Alex. Désolé à Vincent que nous n'avons pas pu emmener et merci à Anthony qui s'est désisté en faveur de Jean : les limitations des refuges sont parfois frustrantes, mais c'est le jeu.
Nous attaquons la montée vers la cabane de Peyrelade, skis sur le sac : la neige est présente en bas (927m d'altitude), mais pas suffisamment pour chausser les skis sereinement, surtout avec les pentes accentuées dans les bois. L'endroit est toujours aussi beau avec des cascades magnifiquement gelées ici et là. Après presque 600m de montée, il est temps de chausser les skis. Un raquettiste nous rattrape puis fait demi-tour vers la cabane de Peyrelade, c'est le seul randonneur que nous verrons du week-end dans cette zone généralement sauvage, surtout en hiver. Le Couserans dans toute sa splendeur !
Passée la cabane la pente s'accentue et la neige devient plus agréable : nous repasserons par-là le lendemain à la descente, c'est de bonne augure. Plus nous montons, plus le vallon s'ouvre et plus c'est beau. La neige est vierge, nous sommes seuls au monde dans une paysage magnifique, le soleil nous réchauffe agréablement lors des pauses : oublié le froid du matin en fond de vallée.
Une fois gagné le col au-dessus de l'étang du Tuc du Mil, nous passons en mode crampons pour gagner l'arête sommitale du Barlonguère. L'ambiance est alpine pour parcourir cette crête jusqu'au sommet : la transition de skieuse vers skieuse-alpiniste est en cours pour Isa et Lucie, avec 1870m de dénivelé positif dans les cuissots !
Après une descente prudente, nous attaquons la descente au sud du col : le couloir est gelé car à l'ombre, mais la suite est en neige excellente. Le début de la descente se fait sur les carres en dérapage pour certains, en crampons pour d'autres jusqu'à la neige décaillée, ou avec des virages sautés pour ceux qui le sentent.
Ensuite on se laisse glisser jusqu'à la ligne de sapins et le slalom commence. Assez rapidement, on passe en mode sanglier et comme l'heure tourne, Alain passe devant pour prévenir le refuge de notre arrivée tardive. Vers 20h, à la frontale, nous rejoignons le très beau refuge de Montgarri et son église, et sommes accueillis par une bonne odeur de feu de bois et de viande grillée. Une côte de boeuf (agrémentée de bougies pour Alain dont c'était l'anniversaire en début de semaine) et un gros dodo avec un départ tardif car l'étape du lendemain est plus courte : entre 1000 et 1200m de denivelé selon les options.
Départ dans les bois (à 9h32 d'après les sources officielles !) pour rejoindre en traversée le secteur du pic des Trois Comtes. C'est très beau cette ambiance forestière et le passage n'est pas trop compliqué sauf pour passer un mamelon avant le vallon qui mène au port de la Girette. Là encore c'est magnifique, mais le soleil tape, nous passons rive gauche pour avoir un peu moins chaud. Les pentes sont assez raides, la prudence est de mise, mais la neige souple ne nécessite pas de mettre les couteaux. Pause repas à la Renadge d'en haut, un curieux mini cirque coincé entre pic des Trois Comtes, pic de la Girette, port de la Girette et passage de la Lègne. Nous renonçons au pic des Trois Comtes qui est pelé et inskiable, préférant assurer la descente qui est encore longue. D'autant que l'heure tourne, l'un des membres du groupe n'est pas au mieux ce qui a ralenti la montée : il faut prendre en compte ces éléments pour décider de la meilleure option et assurer le bon équilibre entre plaisir et sécurité.
Lorsque nous basculons au passage de la Lègne, la neige est très dure, mais accroche sous les carres. Il faut avoir confiance car la chute est interdite dans ces pentes à plus de 35 degrés, difficile exercice mental quand on n'est pas encore habitué : c'est la deuxième évolution vers du ski alpinisme autonome. Certains trouillomètres sont passés à zéro, avant de revenir dans une zone plus confortable avec le retour d'une neige très agréable à skier. La solidarité est cruciale pour gérer ces passages engagés.
La descente sur la pente NO de la Caussade est très bonne, avec un excellent couloir à 45 degrés bien garni en neige, qui permet d'appréhender ce type de pente en toute sécurité.
La fin de descente jusqu'à la forêt est éprouvante dans une neige lourde sur un parcours semé d'obstacles et c'est avec soulagement que nous mettons les skis sur le sac pour un dernier portage avant le parking. Pas de frontale cette fois-ci, mais des crêpes offertes par Lucie qui sont les bienvenues après ces efforts.
Un week-end très agréable mais clairement physique, Ariège, terre courage, mais terre sauvage, toujours un plaisir d'aller parcourir tes vallons et sommets.
Alex