Médassoles et Hourgade
Ça fait longtemps que je n'ai pas fait une grande sortie en montagne pour cause de réglages médicaux. Depuis cette semaine il fait très chaud, l'air est devenu irrespirable.
Ça me motive fortement pour aller en montagne ce weekend. Pour organiser une sortie c'est facile : il suffit d'avoir de l'inspiration, peu de route, de beaux paysages.
Il y a longtemps que je tourne autour du Hourgade, 2974m entre le Val d’Astau, que l’on appelle souvent vallée d’Oô et Val Louron, vallée de Loudenvielle que je n'ai jamais fait. Il est un peu loin de partout. Je le choisi mais il faut le compléter avec autre chose, ce sera la Montagne de Médassoles, dormir au refuge d'Espingo puis le Hourgade le tout en boucle.
Réservations effectuées, c'est bon, sac à préparer, deux autres « ours » se sont inscrits Alexandre et Michaël deux anciens compères de la « Senda de Camille » l'an dernier.
Je passe les prendre à 6h30 au métro de Toulouse, puis départ des granges d'Astau,1139m, : 9h, brume épaisse, vue à 10 m, hier il a plu toute la journée.
La montée le long du ruisseau de Médassoles est longue, dans la brume et un paysage proche varié et agréable.
Lorsque la brume se lève, vers 11h, on découvre un paysage magnifique parsemé de prairies, de bosquets, de rochers, de tout ! Les crêtes du Pic de Subescale, du Pic de Coume Nère, très jolies se découpent dans le ciel bleu. Et si on faisait une petite digression avec le tour par ces crêtes ?
La carte IGN n'est pas précise mais l'aspect me semble arrondi et faisable. Conciliabule… acceptation. On va essayer, bien sûr si c'est trop accidenté, trop mouillé, trop glissant, trop schisteux, on renoncera.
Un pas après l'autre on arrive sur les crêtes, magnifique ! très beaux paysages, quelques traces de pas dans l'herbe et les rhodos, ça passe sans problème.
Parcours aérien très agréable on monte 50 m, on redescend 60 on en remonte 30 etc. etc., Pic de Subescale, 2436m, Pic de Coume Nère, 2424m. Arrivée au col suivant, la descente semble favorable dans les prairies et les dalles pour rejoindre le GR10 par la Coume de Hounts Secs, lac sec dans le fond, puis direction le refuge d'Espingo. Ouf ! L'air est chaud il fait bon, le soleil brille beaucoup, aucun nuage.
Petite sieste sur place pendant que les deux autres « ours » descendent se baigner au lac en dessous.
Beaucoup de monde au refuge, 1950m, les discussions s'engagent c'est un point de passage du GR10
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Dimanche matin départ 7h. Ciel clair, aucune brume, le temps est frais c'est parfait.
Après quelques divagations au bord du lacs pour trouver le passage, commence la montée vers la cabane d'Arrouge, 2120m, le paysage est magnifique : bosquets de résineux, prairies, fleurs. Le chemin longe les bancales des Spijoles, ensemble de grandes dalles glaciaires déversantes vers le lit du ruisseau.
N'ayant pas cheminé en altitude depuis quelques mois, des arrêts fréquents me sont nécessaire pour reprendre le souffle.
Après les grands plats de Lacassès, il faut attaquer à la montée dans les dalles pour atteindre le col au-dessus du lac des Hermitans.
Non, non je ne peux pas faire le sommet !
Le paysage est suffisamment beau tout autour de nous : à gauche Pic d’Arrouge, 2926 m, Pic Hourgade de 2964 m non visible, à droite Pic de Nère, 2694 m, Pic d’Espingo, 2856 et d’autres et d’autres. Nous sommes vraiment sous le charme.
D'abord en observant bien, je pense que nous ferons le tour du lac pour rejoindre notre chemin de descente vers les lacs de Nère, puis en levant la tête je me dis qu'on peut couper à moitié du cirque dans les blocs de rocher pour rejoindre la voie normale, et puis en levant encore la tête je me dis que je pourrais en faire les deux tiers en passant un peu plus haut semble faisable. Nous sommes hors sentier visible. Entre-temps j'ai repris ma respiration. Allez ! on attaque par la gauche le petit raidillon, on range les bâtons, par des pas d'escalade facile.
Je me prends au jeu, le souffle est là, les « ours » aussi, tout va bien. On monte un peu plus, pries de mains favorables, chacun sa voie, finalement ça va tout seul ou presque en suivant les stries de la roche, après quelques efforts on arrive au sommet : admiration, bien sûr vu 360°, quelques personnes.
Très grande satisfaction personnelle intérieure d'être arrivé au sommet.
Souvenir qui me traversait souvent depuis que Éric, du club d’Agen où j'étais avant, l’avait fait un soir, juste pour voir le coucher de soleil : cinéma muet permanent, admiration. Contemplation, température clémente, fraîcheur dans l'air quel plaisir. Comme à chaque fois pensées vers tous les êtres chers, plénitude, le corps se vide, s’allège, l’esprit vagabonde.
Mais ce n’est pas tout, il faut redescendre. L'altitude et le vide alimente un petit stress intérieur que je calme en entreprenant la redescente. Chemin très parcouru, patiné rempli de cailloux et de terre. Attention soutenue, éviter la glissade surtout que devant, une personne à l'air hésitante donc attention attention.
Ça se passe bien. Mes « ours » suivent ou me précèdent. Ils sont heureux, parfait ! il faut rejoindre le lac supérieur de Nère 2430m, parcours dans les cailloux assez bien marqué. Ça descend avec attention.
Stop baignade, remise en condition, l'eau est fraîche, juste bonne parfait. Après une bonne petite pause, reprise de la descente.
Au lac de Nère inférieur, 2397 m, une famille de pêcheurs d'Agen repli son matériel de bivouac et de pêche, très heureuse d'avoir passé un si beau weekend.
Reprise de la descente mais il faut vite quitter le chemin le long du ruisseau de Nère pour rejoindre à droite le Couret d'Esquierry, 2130m.
Le chemin est très en surplomb fin et tortueux. Nous croisons une équipe de jeunes adultes bruyants. Ils sont jeunes, ils ont beaucoup de choses à se dire le stress de l’altitude doit alimenter leur bonne humeur.
Le Couret d’Esquierry est un col herbeux, accueillant, qui est le point culminant du passage du GR10 entre Loudenvielle et les Granges d'Astau, cabane, grande prairie, beaux paysages un peu partout devant et derrière maintenant il faut prendre plein Est, le reste de la descente du Val d'Esquierry à suivre le ruisseau sec par le GR 10.
Le soleil a dépassé le Zénith, l'air devient plus sec.
Des groupes de « GR istes » remontent le Val sous un soleil de plomb, certains avec le sourire, d'autres en grande difficulté. Mais qu'est-ce qu'ils font là, à cette heure-ci, si loin de toute habitation, il y a encore toute cette montée à refaire ? Des apprentissages rapides et difficiles ? Par la suite des pertes de vocations ou des rêves qui se transforment en cauchemars.
A la cabane d’Esquierry on recharge un peu les gourdes, les provisions sont épuisées. Un peu plus bas, on arrive au bois d'Antanouse.
Quelles beautés, tous ces hêtres majestueux, tortueux, droits, en bonne entente les uns avec les autres, avec des plus jeunes, Le chemin est sinueux. Un vélo de montagne descend hardiment sans signalisation particulière pour prévenir les pauvres marcheurs qui remontent. Vivre ensemble n'est pas toujours facile !
Voilà on voit les Granges d'Astau en bas, puis elles s'approchent progressivement.
On arrive aux premières maisons du Pont d'Astau où quelques heureux retraités profitent de la fraicheur sous les arbres.
Tous contents de retrouver la voiture, une restauration rapide avec « planches » de jambons et fromages du pays remontent les esprits, remémorent les points chaleureux de la sortie.
Après ce bel accueil, nous retournons à nos chaumières, la mission est accomplie, l'esprit grouille d’idées positives.
lien pour les photos : Trois ours entre Médassoles et Hourgade
Asta luego, chers amis !!
Adishatz !! le troisième « ours », le 3 et 4 aout 2024