C'est à 9 que nous avons décidé de remonter la neste d'Oo ce weekend prolongé du 15 aout. Les aspirations du groupe étaient d'accéder aux sommets du Luchonnais par des voies d'escalade historiques et emblématiques mais aussi par des voies plus récentes et plus techniques.
Des voies en rocher ayant été ouvertes sur les parois aux différentes altitudes de notre montée au refuge du Portillon et puisque rien n'est jamais sûr en ce qui concerne la météo en altitude en aout, nous avons fait une escale au refuge d'Espingo. Il a beaucoup plu la veille, les parois ruissellent à l'exception d'une étonnante bande de rocher semblant sèche depuis la terrasse du refuge et qui correspond exactement au cheminement de la voie Emilie. Causalité ou pur hasard ? Les ouvreurs ont probablement la réponse... Malgré la grisaille intimidante, deux cordées ont profité de l'équipement en place pour aller vérifier si la seule voie estivale repertoriée de cette barre rocheuse située au sud ouest du lac d'Espingo était bien sèche ce jour-là.
Après quelques difficultés supplémentaires dues à l'humidité du mur en 6b+, le groupe se reforme en fin d'après-midi au refuge pour préparer les projets du lendemain qui est annoncé comme le jour aux conditions météo les moins mauvaises (nuages remontant de la vallée en cours de journée).
Les 9 impliqués dans cette entreprise se répartiront en 3 cordées de 3 grimpeurs : une dans la voie Ravier et une autre dans Aquheras Montanhas au Grand Quayrat et la troisième dans la Fonte des mêches aux Spijeoles. L'eau est bien présente dans chacune des voies parcourues à un niveau variable selon les voies et les longueurs. Certains auront passé la journée avec les pieds mouillés après avoir traversé les vires fertiles aux brins d'herbes bien dégoulinants d'eau. D'autres se seront fait quelques frayeurs sur des passages d'escalade qu'on aurait préféré bien sec. Avec un peu de marge dans le niveau pour conserver sa sérénité et un rythme de progression correct, les chaussons collent biens au grains de ce granit, à conditions que le lichens n'ait pas décidé de s'y développer, auquel cas la zipette est quasi inévitable ! Avec plus ou moins de marge, chacun atteint le refuge du Portillon pour l'heure du dîner avec sur le visage la fatigue et la satisfaction d'une grosse et longue journée d'effort, tantôt avec vue tantôt dans un épais brouillard.
Un orage étant prévu à 15h le jour suivant, certains préfèrent renoncer à risquer une journée plus difficile que la veille et profiterons d'une belle matinée pour monter sur des sommets à pied. Deux cordées tenteront le contre la montre consistant à partir le plus tôt possible du refuge pour avoir le temps de grimper et de rentrer au refuge avant que la "tormenta" s'abatte sur le massif. Une cordée remontera le Grand Dièdre et l'autre saluera les Spijeoles en Gascon dans Adishatz. Le ciel restera bleu bien plus longtemps que prévu et une brève averse tombera avant le dîner, pendant que certains jouent au jeu de cartes Skyjo, de nombreuses heures après que tout le monde ait regagné le refuge à la mi-journée.
Après deux nuits passées dans le spacieux grenier du refuge du Portillon, et malgré une pluie prévue dès le matin du 4e jour, chacun redescend tranquillement au sec en file indienne sur le sentier entre le refuge du Portillon et les granges d'Astau. Une grande première en Alpinisme avec le CAF de Toulouse pour l'un de nous, une expérience plus ou moins éprouvante pour d'autres, fatiguante pour tous, la joie de passer d'agréables moments pour ceux qui se connaissaient déjà ou pas et le plaisir pris à faire connaissance avec les autres, nous aurons tenté de profiter de toutes les opportunités que le ciel a bien voulu nous accorder.
