Dans l’ordre des choses, dans l’ordre du monde, il y a des classifications.
Il y en a une pour les sorties de ski de rando.
Il y a tout d’abord les sorties infernales puis abominables, puis, les groooosses galères, puis les sorties galères, puis les baventes…
On trouve ensuite les sorties « bof,bof », les sorties « mouais, mouais »,
On aborde le haut du panier avec les « jolies sorties », puis les « belles randos » et les « très belles… »
Enfin viennent les « super sorties », puis les sorties « magnifiques ».
Au-dessus, on rentre dans le cercle très restreint des sorties « sublimes »….
Assurément cette traversée appartient à la dernière qualification…
Désolé pour ceux et celles qui ont préféré aller avec Sergio faire une sortie certes « très belle », mais seulement… « très belle ».
Mais Sergio a des charmes que je n’ai plus…
Cette traversée Vallée de Saux - Hourmagerie - Géla - Chermentas mérite bien ses cinq étoiles
Tout y est : l’exposition de la pente, la qualité de la neige, l’éclairage rasant… dans le dos, l’absence de gêneurs et surtout… un des plus beaux paysages des Pyrénées, que dis-je de France, … et peut être même del Mundo.
Et oui, vous ne le saviez peut-être pas, mais le cirque de Barroude est classé au patrimoine Mondial de l’Unesco et ce n’est pas usurpé surtout quand il y a de la neige, beaucoup de neige et que l’on est accompagné de gens sympathiques et enthousiastes comme c’était le cas ce mardi 10 février…
Je ne vous parlerai pas beaucoup de dénivellé (1450 m quand même) ni de temps de parcours « canon » car, ce serait indécent sur un tel programme.
Je vous parlerai juste d’un départ au bord d’une route bruyante et rapidement, du silence qui s’impose, du calme qui vous prend.
La première montée de 600 m est belle, sans plus, essentiellement grâce au Garlitz qui dévoile peu à peu sa complexité, ses couleurs, ses itinéraires tortueux et parfois rugueux.
Je vous parlerai surtout de l’explosion de lumière et de sensation quand en 2 mètres, la muraille de Barroude surgit de nulle part, à l’occasion d’une conversion juste au col des Aiguillettes.
Il y a ensuite cette petite crête délaissée par les autres randonneurs, une crête fine, élégante, sans prétention mais qui nous permet de prendre encore une peu de recul pour admirer ce paysage sublicîme.
Il me faut aussi évoquer, sans emphases, cette descente, une des plus belles de la vallée avec une pente idéale et une exposition Nord ouest qui conserve la poudre à la température idéale pour voler de part et d’autre des skieurs enivrés…
Avons nous révés ?
Non, les photos sont là. Nous y étions bien.
Et puis, quand on marque une pause pour se féliciter, quel spectacle.
De temps en temps, des coulées de neige chutent depuis les balcons supérieurs de la muraille. Des volutes de neige se découpent sur les falaises ocres. Un temps plus tard, le bruit sourd de l’avalanche nous parvient alors que tout est déjà revenu à la normale…
Avons-nous rëvés…
La descente se poursuite par des pentes plus douce, toujours très agréables à skier, puis nous prenons pied en haut d’un grand mur.
La neige y semble douce et sage.
Nous allons pouvoir y dessiner des courbes et des petites droites. Nous allons pouvoir y prendre un grand plasir.
En bas, le ruisseau de la Géla nous attend, avec ses méandres et son débit calme et serein.
Un lieu idéal pour se restaurer et faire la sieste.
Patrick et Pascal préféreront profiter de ces instants rares plutôt que nous accompagner dans la montée de la Hourquette de Chermentas qui, par ce côté, est infiniment plus belle et élégante que le vallon du Badet et la station de ski.
Nous ne sommes donc plus que 7 pour remonter à Chermentas soit quand même près de 800 m de dénivelé..
Au début, nous sommes au soleil et nous pouvons détailler, en nous retournant, notre itinéraire de descente par la Hourmagerie.
Puis nous nous rapprochons des formidables falaises du Pic de la Géla et peu à peu, nous rentrons dans l’ombre.
Plus que 300, 200 m de déniv. avant la hourquette qui, elle, est encore au soleil.
Nous pressons le pas pour y arriver avant la pénombre et profiter des doux rayons de cette fin de journée.
Pour les derniers, c’est un peu la course mais, eux aussi auront droit à quelques minutes de douceur solaire à la Hourquette, juste assez pour boire un peu et enlever les peaux.
Une fois dans l’ombre du Pic de la Géla, il faut songer à retourner dans la vallée rejoindre nos camarades qui sont encore au soleil.
Une petite vacation radio les sort de leur torpeur et les prévient de nos intentions.
La neige réchauffée par le soleil se trouve très vite encombrée par une petite croutez bien délicate pour ceux qui ne sont pas à l’aise en ski.
Rapidement, nous faisons une grande transversale pour rejoindre des pentes exposées au Nord où nous trouvons une neige très convenable, parfois légère à souhait.
Nous rejoignons rapidement les pente ensoleillée puis nos camarades.
Il nous faut ensuite descendre la partie étroite de la vallée de la Géla qui n’est pas le moment le plus réjouissant de la journée.
Les couloirs d’avalanches qui peuvent constituer des points dangereux se passent sans encombre. Le chemin qui est parfois plein de glace au niveau de la source se franchit lui aussi sans difficulté.
Ainsi, profitant quand même de quelques espaces pour enchainer des virages dans une neige très froide, nous parvenons rapidement à la route où nous avions pris soin, le matin de déposer une voiture (celle de Claudine).
Nous pourrons ainsi promptement faire la navette et nous retrouver à Ancizan pour savourer au chaud et au calme cette sortie véritablement sublime.
Les photos :
http://www.brunoserraz.fr/skialpinisme/Saux-Gela-Chermentas/index.html