Compte Rendu : Ski de rando Autriche du 13 au 22 Mars 2015
Lieu : Massif de la Silvretta
Encadrants : Jean-philippe Albressac, Gérard Gomez
Participants : Sylvie, Michèle, Emmanuelle, Marie-Pierre, Régis, Loïc
La Silvretta, à la limite de la Suisse et de l’Autriche, est le massif idéal pour un ski “relax” sur des pentes douces bénéficiant d’un enneigement abondant.Ajoutez-y l’ambiance chaleureuse des auberges d‘altitude, distillant chaleur du poêle de faïence, douches chaudes et bières pression, et vous obtenez le raid épicurien par excellence, offrant de superbes sommets disposés dans l’écrin des plus beaux glaciers d’Autriche. Il n’en fallait pas plus pour organiser une virée dans le coin. Cette année, nous délaissons la voiture au profil d’une pause dégustation en Allemagne, via l’avion.
Vendredi 13 mars :
Toulouse/Munich en avion
La journée commence sous les meilleurs hospices avec une carte d’identité oubliée au domicile. Par chance, l’enregistrement a pu se faire avec le numéro de dossier, la voiture de Régis était disponible au parking, avec le trafic routier fluide, et le chauffeur, un ancien pilote de course pour un lieu proche du délit. D’ailleurs, pas d’affolement, l’avion avait un retard conséquent. Seule ombre au tableau, l’énergumène en cause part avec le sandwich de Sylvie…L’avantage, nous savons qui payera la première tournée en Allemagne.
A Munich, durant la visite du centre-ville, le froid et le vent nous rappellent vite au bon souvenir que nous sommes au nord de la Garonne. Le cercle polaire ne doit pas être à des lustres.
19h30 pétante, la réservation auprès du restaurant Augustiner prend effet. La froidure nous saisit pour le plus grand désarroi des convives américaines assises à la table. La ponctualité allemande n’est guère une plaisanterie. Elles fêteront l’anniversaire de l’une d’elles en notre compagnie avec le « happy birthday » de rigueur chanté en cœur.
Quelques bières et un bon repas copieux amènent tranquillement Loïc/Sylvie à de menus pas de valse, en pleine rue, au son d’un orchestre munichois.
Les photos :
Samedi 14 mars :
Munich/Innsbruck/Landeck/Ischgl/refuge Heidelberger Hütte(2264m)
En cette matinée grisâtre, une petite balade « découverte des moyens de locomotion existants germano-autrichiens » s’impose avec comme handicap, le sac à dos, les chaussures et les skis. Sans ces derniers, cela serait trop facile dans l’enchainement. Même à Innsbruck, nous restons sur le même quai pour la correspondance vers l’Autriche. Le train, bus, télésièges et téléphériques ne sont que pures formalités. Michèle se fera tout de même remarquer avec une séance « tricotage » sur l’une des remontées mécaniques d’Ischgl. Cela provoquera l’arrêt de celle-ci un court instant.
Avec le sourire qui nous sied, nous rejoignons le Piz Val Gronda, tant bien que mal, sur une neige artificielle ne favorisant pas le ski plaisir.
14h, nous quittons le domaine pour les grands espaces vierges…enfin presque, surtout un jour de la Saint Patrick !
4 virages en neige croutaillée et nous posons le postérieur en terrasse du refuge Heidelberger Hutte avant que le soleil ne disparaisse à l’horizon. A la lecture de la carte, enfin du moins ce que nous essayons de comprendre, le choix de la pression ne fut pas à la hauteur de nos espoirs. Nous fréquentons une vulgaire limonade aromatisée au risque de recourir aux antidépresseurs rapidement.
Pour la restauration, la foule nous oblige à se sustenter dans la salle de réunion en compagnie de jeunes skieurs en mal de houblon…Cela tombe bien, car nous sommes en phase acclimation pour le plus grand bonheur des filles du dortoir. A les entendre, les vibrations des couches furent terribles…l’alcool aidant !
Les photos :
Dimanche 15 mars :
Heidelberger Hütte/ Larainfernerspitze(3009m)/Heidelberger Hütte(2264m)
Den:700m
Au petit matin, un léger courant d’air en provenance d’Italie caresse nos abatis. Les sommets frontaliers arborent leur coiffe si caractéristique en flux de sud, tandis que les festoyeurs restent collés à la paillasse.
Nous en profitons pour nous échapper en direction du Larainferspitze sans faire de bruit.
Un collet marque la mise en place des couteaux car l’arête finale nous imposera une conversion du style « pivot du patin avec spatules plein gaz, sans possibilité de ressources supplémentaires» Tout un programme ! En attendant, moyennant cette figure, les crampons ne risquent pas le rhume et nous pouvons atteindre la cime skis aux pieds.
Au loin, trois pèlerins entament une belle traversée vers Jamtal Hutte en empruntant un itinéraire bis.
La descente, en écharpe dans un premier temps, puis dans l’axe du vallon nous agrémente de bonnes conditions avec un soupçon de poudreuse. Nous traitons cette affaire rapidement car, le rösti servi au refuge, dans une poêle individuelle, tape dans la haute gastronomie, aux dires de Gérard. Effectivement, il s’avère délicieux voir exceptionnel. Cela sera le seul du séjour.
La chaleur du poêle favorise l’apparition de la fatigue ponctuée par un doux murmure au sein des lits superposés. Les boules Quiès trouvent leur chemin pour la nuit. Le comble serait d’être réveillé par sa propre respiration…
Les photos :
Lundi 16 mars :
Heidelberger Hütte/Breite Krone(3079m)/Kronen Joch(2974m)/Jamtal Hütte(2165m)
Den:900m
La charge reprend sa place sur les épaules pour une montée tranquille dans un vallon un tantinet bucolique. Il y a bien un peu de vent et un peu neige tombant à l’horizontale, mais d’après les locaux, cela s’apparente à du beau temps autrichien. Rien d’alarmant !
A l’approche du Kronen Joch, le changement est pour aujourd’hui avec un plafond nuageux qui titille nos neurones. Nous nous délestons des skis afin d’entreprendre l’ascension finale du Breite Krone dans un mixte caillou/glace/neige, cette dernière étant chez les suisses sous l’effet d’Eole.
Après quelques photos avec comme visibilité la pointe du 44 fillette, nous abordons les 30° du Kronen Joch en compagnie d’un guidos Italbombe accompagné de Gallois Irlandais. Le vallon est dantesque, à l’image du refuge Jamtal Hutte. Le top du top au niveau confort ! Une grande salle de séchage pour les skis et chaussures, un dressing pour les peaux de phoques, une chambre mansardée pour nous, des douches chaudes limitées à trois minutes, de la soupe chaude à disposition jusqu’à 16h, une table en marqueterie réservée CAF Toulouse, un poêle de masse en céramique et le summum, un repas servi à l’assiette par un serveur en soubrette. Ceci dit, nous ne saurons jamais ce qui a pliées les filles de rire en entrevoyant les cuisines. Il parait que c’est juste un truc de gonzesses. En guise de digestif, Marie-Pierre et Emma se lâchent sur la carto/orientation afin de nous amener à bon port le lendemain.
Les photos :
Mardi 17 mars :
Jamtal Hütte(2165m)/ tentative Hintere Jamspitze(3156m)/Jamtal Hütte
Den:900m
Dès la sortie du refuge, le ton est donné. Le baromètre fleurte avec les chaussettes, c’est-à-dire au plus bas. Une borne extérieure affiche au passage l’émission de nos ARVA. Pas facile de rivaliser ! La Polizei Alpine file vers le col franchi la veille tandis que nos chefs de course prennent la direction de la tourmente. Au niveau du glacier de Jamtal, point d’erreurs sur les caps affichés, elles visent le bas d’une arête rocheuse noté 2772m. La raideur du terrain n’a rien à voir avec la carte. Cela se redresse fortement. Une paire de français se balade corde tendue, le nez collé sur la boussole. Nous ne faisons pas les malins…le vent et la neige nous frictionnent les oreilles.
40 mètres sous le Jamtal Joch, la purée de pois ne laisse guère d’espoir. Nous jetons l’éponge. Ce n’est pas aujourd’hui que nous peaufinerons le bronzage. A l’unanimité, le Hintere Jamspitze ne sera pas l’objectif de la journée. Les ficelles sortent des sacs à dos pour le plaisir de la descente encordée. Il ne faudrait pas que nous perdions du personnel. Pour une première approche glaciaire, il y a mieux !!!
Pour le coup, prestement, nous retrouvons l’atmosphère délicate, chauffée au chou, de notre home. Il ne faut pas rigoler avec le méthane, au risque d’imploser…autant lâcher la pression !
Encore un repas copieux, les cochons ont pris cher dans l’arrière salle. Les « ribs » débordent des auges.
Ce soir, Régis et Michèle se coltinent la carto avant le sacrifice littéraire d’Emma. En effet, Marie-Pierre craque sur sa page « mouflage » au point de pouvoir les réaliser avec les orteils, sous la douche et dans le noir.
Inconsciemment, la peur de l’appel au talkie-walkie a stoppé toute agitation nocturne pour les ronfleurs…
Les photos:
Mercredi 18 mars :
Jamtal Hütte(2165m)/Fuorcla Chalaus(3003m)/Augstenberg Spitze Nord(3228m)/Fuorcla Chalaus/Jamtal Hutte
Den : 1300m
Régis entreprend la gestion du groupe. Une légère hésitation ( ne pas se faire perturber par l’encadrant) puis une traversée mènent au vallon suspendu sous le glacier Chalaus que nous remontons tranquillement. Celui-ci vient buter sous les derniers cinquante mètres de la Fuorcla Chalaus. Les conversions deviennent scabreuses avec un final pédestre voir encordé pour Michèle. Pour la énième fois, la frontière suisse se passe sans l’ombre d’un képi. Il s’ensuit une longue diagonale caniculaire en direction de la cime convoitée. Nous déchaussons sous une barre rocheuse avant qu’un groupe ne vienne perturber notre progression. J’accompagne les filles et Régis sur l’arête neigeuse, aérienne voir vertigineuse. Le gonz s’alourdit des skis pour s’enfiler le petit couloir sommital.
Augstenberg Spitze Nord, grand beau, pas de vent, seuls, que demander de mieux !
Pour le retour, la corde et les crampons s’avèrent plus confort. La moquette nous tend les bras avec comme toile de fond, la chaine alpine. Et quel terrain de jeu, décaillé à souhait !
Par manque de temps, nous revenons sur nos traces. Le glacier est déjà là. Nous ne sommes pas ici pour enfiler les perles, il est vite avalé par nos spatules.
16h, la bière coule à flot…le partage littéraire à l’effeuillage se concrétise pour Emma.
Un peu de lecture et la dernière couchée se voit confier l’extinction des feux…
Les photos :
Jeudi 19 mars :
Jamtal Hütte(2165m)/ObenOchsenscharte(2977m)/Wiesbadner Hütte(2443m)/Tirsler Joch(2988m)/Wiesbadner Hütte(2443m)
Den: 1500m
La marguerite au bec, nous sifflotons en remontons le débonnaire glacier du Jamtal, version rive gauche. Dans l’immédiat, les nuages bloquent sur le relief.
Au niveau d’ObenOchsenscharte, ce col permettant de basculer sur Wiesbadner, Gérard et Emma se dirige vers le pied de la Dreilander Spitze en caressant l’espoir d’une vue dégagée. A l’allure du TGV, la nébulosité a raison de leur engouement. Sous l’œil hautain du Piz Buin, ils nous emboitent les planches sur un champ de stratugis digne des pôles. Une traversée plus tard « Evetytig OK…so » nous tarabuste les tympans en germano-english, en nous accueillant gentiment au refuge Wiesbadner. Les acouphènes sont proches. Elle ne nous colle pas dans la chambre des guidos moyennant en sus une réduction de la demi-pension. Mieux serait indécent, super les refuges autrichiens !!!
Après une bière en terrasse, nous repartons pour le Tirsler Gletscher et son col homonyme, le cœur léger mais l’estomac plombé. Il en faut plus pour Emma et Marie-Pierre dite « Solexine ».Malgré l’ambiance grillades, 21° au bas mot, elles nous enrhument au point que le déplacement d’air généré nous déséquilibre. Encore une bien belle virée sur une conclusion type « half pipe » et concert Italo-gallo-irlandais.
Les photos :
Vendredi 20 mars :
Wiesbadner Hutte(2443m)/Silvretta Egghorn(3147m)/Pla de Mezdi(2875m)/Cabane Chamanna Tuoi(2250m) Vermuntpass(2797m)/Wiesbadner Hutte(Tour du Piz Buin)
Den : 1400m
Une tempête de ciel bleu s’annonce. Le moral de la troupe est au beau fixe.
Peu après le départ, une courte descente en neige gelée perturbe la partition en ajoutant un gros bémol. Sylvie chute lourdement sur l’épaule droite en poussant un cri. Moyennant une pilule, un serrage de mâchoire, un délestage de sac à dos et un chaussage de crampons, Gérard et Marie Pierre raccompagne notre blessée tandis que je reste en attente avec le reste du groupe.
La radio crépite, tout va bien, elle est au chaud…nos secouristes reviennent sur un rythme effréné.
Nous reprenons notre progression sur le glacier crevassé Vermuntgletscher. Un replat et nous contournons une zone de séracs afin d’aborder les conversions techniques et raides (35 à 40°) sous le Silvretta Egghorn. Les autrichiens ont fait du bon boulot, en aménageant une zone de dégagement ski sur chaque changement de direction. Cela nous évite les contorsions avals des genoux. En trois mouvements d’oreilles, nous sculptons un passage rocheux avec nos « crabes » pour poser sous le signe de la postérité, au sommet. Quel panorama ! Le glacier suisse de la Silvretta(Silvrettagletscher) attire immédiatement l’œil.
Ni une, ni deux, un petit saut en versant sud et nous enchainons les courbes sur une piste bleue jusqu’au col dénommé Pla de Medzi. Un régal avec qui plus est, la solitude des grands espaces !
A la base, ce n’est pas ce qui était prévu mais l’appel du large fut irrésistible. Après un recalage boussole/GPS, les filles s’occupant de parfaire leur bronzage allongées sur un rocher, nous changeons de cap. Au programme, le tour du Piz Buin en descendant sur la cabane Chamanna Tuoi.
Bien nous en pris car la succession de petits couloirs printaniers donnera à cette boucle, un air pyrénéen. Par contre la remontée sous un soleil de plomb au Vermuntpass, en position « cabriolet » ne sera pas du même acabit. Nous hésitons à sortir le string tellement la chaleur est dense. Seul le baudrier aura raison de cette débauche.
Sous le col frontalier, nous basculons en hiver avec le retour de l’air frais. Loïc se lance sur un sauvetage héroïque de lunettes, au risque d’une prise d’angle sur carre à la limite du décrochage.
Ouf, 16h, nous avons l’arrière train posé devant la mousse traditionnelle. Everytig Ok est toujours à 200 à l’heure…Sylvie va mieux mais elle doit envisager son retour en motoneige pour le lendemain, grâce au délestage de 40 euros.
Les photos :
Samedi 21 mars :
Wiesbadner Hutte/Bieltal Joch(2772m, voir un peu plus...)/descente à Galtur(1584m)
Trajet Galtur,Ischgl,Landeck,Innsbruck,Munich
Den: 430m
7h, le flocon tant espéré est déjà là! Histoire de ne pas s’éterniser sur le coin, j’attaque une trace « à l’autrichienne » pour rejoindre Bieltal Joch. Une dernière manip, et nous abordons la longue séance vibromassante avec comme point de vue, nos spatules.
Le lac puis les pistes de ski de fond achèvent les cuisses, au pas de patineur.
Nous retrouvons Sylvie à la boulangerie qui s’est fait choyer par un bel étalon…
Wirl, Galtur, Landeck, le bus nous lâche devant la gare, avec toujours, les chaussures de ski aux pieds. Il est grand temps de les quitter. Dans le train, ce fut loin d’être le bonheur pour tout le monde tant l’odeur était forte…Il en fut de même à l’hôtel !
Sur les conseils de la réceptionniste, nous clôturons notre raid par un repas pantagruélique, à base de spécialités munichoises. La brasserie Lowenbrau semble un incontournable pour le touriste en mal de houblon…D’ailleurs, une fête de la bière a lieu à l’étage, célébrant la cuvée de mars : la Triomphateur ! Dommage que nous ne puissions y entrer…Qu’à cela ne tienne, nous nous vengeons sur le produit, dans les bas-fonds.
Les photos :
Une très belle virée, avec comme toujours le confort des refuges en ligne de mire, pour le grand bien de nos articulations.
Des possibilités à n’en plus finir…d’ailleurs, l’adaptation fut le maitre mot durant ce raid…sans oublier : le traditionnel WUNDERBAR !!!!!!!
Merci à tous pour l’ambiance, la conduite de course, l’orientation et à Régis pour ses photos et son travail sur les cartes de localisation.
Un prompt rétablissement à Sylvie, pour qui au final, s’avèrera être une petite fracture de la tête humérale ainsi qu’à Martine se remettant doucettement de son explosion fémorale. Elle aurait dû partager avec nous, tous ces bons moments.
Jean-phi
Le lien vers l’album de Régis :