STAGE ARTIF A VILLANOVA ET RECYCLAGE INITIATEUR
12 et 13 Mai 2012
Avec le guide Romain Wagner et Christian Biard , instructeur alpinisme
Villanova de Meia , c’est un paradis de grimpeur perdu au milieu de nulle part dans la pampa espagnole , un petit vallon sauvage borné de toutes parts par des barres de rochers oranges et gris .
Pour trouver Villanova de Meia de nuit après un trajet en voiture après le boulot , vaut mieux être au courant .Si tu connais , tu prends une petite route paumée qui il n’y a pas si longtemps était une piste , tu passes un col , tu descends le vallon , tu passes devant la source et tu trouves l’embranchement des 4,5 km de piste qui mènent au lieu du rendez-vous .Si tu connais pas , la même , mais tu te plantes 10 fois .
Ce qui fait que ceux qui sont partis tard , mais qui connaissaient , sont arrivés en même temps que ceux qui ne connaissaient pas et qui sont partis tôt . Vers minuit .
Bibi nous attendait avec Romain , l’accueil a été bref .Demain lever 7h , les gars .
Dix minutes après , on était tous au lit , qui à la belle étoile , qui sous la tente , qui sous la capucine .
Le lendemain après un petit déjeuner rapide , Bibi a déplié la bâche et nous a présenté le matos : marteaux , chaînes ,pitons en U , cornières , universels , longe magique , étriers en sangle , avec planchettes , bricolés maison , plombs et copperheads , coins en bois et cravates , tout le bazar de l’artificier.
On a chargé les sacs , le record , c’est Romain , sac de hissage de 120 litres , 45 kilos sur le dos , au fait , il pèse combien , le garçon ? pas beaucoup plus …
Et on a reloint le Pilar del Segre , un empilement dans le mauvais sens de rochers d’un orange flamboyant. On a pas eu trop le temps de s’extasier sur l’esthétique , on a nous aussi déployé la quincaille et on s’est répartis dans les voies du jour , Marc a attaqué « la Historia interminable » cotée A2+ , Natacha Coto Privado ( A3+/6a) , Jean-Luc Miquel-Abellan (A2+), Lolo et Titi « Por tus huevos , Matute »A3/V .
Et ça a démarré fort .Dans les trous de la paroi , si tu es le roi du pétrole , tu mets un friend . Si il tient tu mets dessus ta vache , ton étrier , tu tires , tu montes, tu recommences . Si tu es verni , dans le trou , il y a une cale en bois , tu enfonces un piton ( entre 1/3 et 2/3 de sa longueur) , tu sors ton marteau , tu le fais chanter jusqu’à ce qu’il rentre entièrement , tu y passes un bout de ficelou , un mousqueton , ta vache , ton étrier … Si ton piton est un peu étroit , c’est pas grave , t’en mets un deuxième pour caler , ou même un troisième , ça fait une fleur de pitons , les seules fleurs qui intéressent Romain ,( les autres , les vraies , il les arrache parce que dessous , il y a des trous pour mettre des pitons ).
Si t’es moins verni , il faut sortir les crochets , et te suspendre à un petit trou dans la paroi, sans trop gigoter. Ou à un plomb maté on ne sait trop quand par on ne sait qui , en te faisant léger léger .
De point en point , on s’est éloignés du sol , et Bibi et Romain , qui veillaient au grain en bas de la paroi , ont pris leur rythme de croisière : eux aussi avaient monté le matériel d’artif , de bons fauteuils bien profonds avec repose-canette intégrés qu’ils ont posés à l’ombre des cades pendant que nous séchions sur nos étriers sous le soleil féroce au rythme des coups de marteau .Romain , qui connaît les voies par cœur , a continué à nous briefer : « Romain , il est bon , ce piton ? » ( ton assuré en apparence ,mais voix légèrement trop aigue )
-« Attends … » (Romain prend les jumelles ) « Il ma fait pas rêver , ton piton , rajoutes-en un , et cravate »
On s’est encore éloignés du sol ,la tension est retombée et le ton a viré à la plaisanterie . Plus on montait et plus la tension tombait et plus elle devenait graveleuse . C’e st quoi , « avoir la taupe au bord des lèvres ? »
Les aventures n’ont pas tardé .
Un bruit métallique , un petit cri , c’est Seb qui en a arraché un le premier , et qui est descendu de trois mètres jusqu’au suivant.
Un bruit de carton , c’est Natacha qui a décolé une écaille , et qui a choisi de redescendre de friend en friend du rocher pourri où elle avait été se fourrer bêtement .
Après avoir atteint les relais , tous ont attaqué la deuxième partie de l’exercice , « je déséquipe tout ce que j’ai planté et comme ça je peux voir si ça tenait » .C’est bien comme exercice , ça fait pas rêver , comme dit Romain …
Jean-Luc , puis Olivier , ont mené l’assaut contre une cornière qui appartenait à Bibi mais qui avait décidé d’appartenir à la voie . C’est la cornière qui a gagné .
Pendant ce temps , Tic et Tac du CAF d’Oloron interprétaient dans une grotte à l’ombre ( petits vernis ! ) les inoubiables et éternels succès de Bibi , le Rajout de Corde Sous Tension , le Rappel avec Passage de Nœud et autre Remontée sur Corde .
Et après avoir plié le matos , on a enfin rallié la bière , vers les huit heures du soir , et le repas sous les étoiles , et les récits chaleureux des soirs de bivouac , puis la tente ou la capucine , « Levr 6h et demie , les gars »
Et le lendemain , je vous la fais courte , on était à nouveau au Pilar , certains pour finir leur voie , et les autres dans un autre tube Bibiesque , La Descente Sur le Dos Du Leader Qui a Pris Un Plomb En Paroi .
Celui là , on l’adore .Dessus , dessous , c’est toujours le même plaisir . Tic et Tac , amoureusement mêlés sur leur corde ombilicale , sont soupçonnés d’avoir fait durer le plaisir . Philippe et Jean-Luc ont glissé sur leur machard dans la trente troisième position .Marc nous a réinventé tout le Kama Sutra avant de ramener au sol son compagnon de cordée.
Et même Bibi , qui pourtant avait juré le matin qu’il ne mettrait pas le baudrier de la journée , s’encordait sur le ficelou de son pantalon d’une façon fort suggestive .
Pendant ce temps là , Romain , qui avait négocié avec Bibi un peu de temps pour grimper , faisait le fou dans les colonettes déversantes en 7 et en 8 .
L’après-midi , on a ressorti les marteaux , »avec la dextérité du poulpe », dixit Romain, ça rentre pas en un jour , mon brave Monsieur.
Titi et Lolo atteignaient le sommet de la paroi , ayant avec brio bouclé leurs quatre longueurs . Seb après une longue traversée dans le colonnettes et une longue recherche atteignait le relais de la « Historia interminable »
Tic et Tac exploraient Amatista ( 6a) .
Romain ,Marc et Philippe pitonnaient dur dans « por tus huevos ».
Et l’aventure du jour a été pour Philippe , un bruit métallique , une terrase mal placée , une cheville qui tape , saleté de piton …Bon rétablissement à toi Philippe …
Je vous la fais courte à nouveau .
On y a tous goûté . Certains ont aimé , d’autres pas , c’est normal .On est rentrés très tard , crevés , c’est normal. On s’est marrés comme des bossus , c’est normal.
Mais …c’est pas normal , on s’est pas fait traiter de blairos … On est inquiets , on se demande si il nous aime encore …
Merci à Romain pour l’ambiance , l’efficacité et tous les conseils
Merci à Bibi pour l’organisation , l’éxpérience et l’intensité
Et à plus , compagnons du marteau , bonne grimpe !
Natacha
Avec l’aide précieuse de Philippe , Jean-Luc , Jean et Marc