COMPTE RENDU DE PIERRE HULLIN,  VALEUREUX STAGIAIRE ..

 

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Certains diront que le plus dur, en TA, c'est de trouver du premier coup le coinceur/piton/friend à la bonne taille, parmi les deux-cent-cinquante-douze qui pendent au baudrier.

Pas faux. Mais le plus dur, en stage TA made in Bibi, c'est - bien avant le départ - de trouver du premier coup le mail, parmi les deux-cent-cinquante-douze en "réponse-à-tous" qui décide, définitivement, de qui covoiture avec qui... 2 jours de stage, c'est plus d'emails que 2 ans de pages Facebook... (Mais si on voulait faire un sport tranquille et facile à organiser, fallait choisir ping-pong, ou curling sur moquette synthétique en salle climatisée). 

Une fois qu'on s'est frayé un chemin sécurisé dans la jungle des forewouardes zélés-ctroniques (et on y arrive toujours, suffit de pas désespérer), c'est le rendez-vous chez Julien, Jules de son prénom, autour de la dernière acquisition automobile du CAF Toulouse, un splendide minibus Ferrari relooké Citroën qui, sous une carrosserie habilement maquillée en vieillerie pour dissuader les voleurs et autres jaloux de la FFME, offre un espace suffisamment grand pour accueillir 9 grimpeurs et leurs 3 sacs (c'est le minimum pour 2 jours) chacun contenant tout l'attirail à côté duquel le matos d'une division entière du GIGN prête pour l'Afghanistan prêterait à sourire de par sa légèreté. Mais comment ça rentre dedans, tout ça ? T'occupe pas, Blaireau ! Chef Bibi il a tout prévu, et il te dit : "ça rentre !". Et effectivement, ça rentre. Ce minibus, c'est un bijou, un vrai !

 

Après avoir changé trente fois de destination pour cause de météo capricieuse (le chef, il passe plus de temps sur les écrans de Météo France que sur les ordis d'Orange...), on est partis. Direction Calamès (et son site tout juste sauvé de la réouverture de la carrière ! YES !). Juste avant d'arriver, le chef, qui ouvre la route, fait deux fois le tour du rond point à Tarascon, avant de s'arrêter en bordure de la dernière sortie ; ça doit être un rite initiatique, un reste de ses origines peau-rouge, Sioux-Lakota à tendance Tong-Chaussettes. Pas grave, nous on continue jusqu'au parking de la falaise, pour retrouver Wagner, ou Romain pour les intimes du friend-piton-triangulé, faire les cordées, et monter presto autant qu'illico au pied des voies.

 

Le reste de la matinée sera consacré à la théorie, suivi d'exercices pratiques, sur l'inarrachabilité d'un relai, où on apprendra - entre autres - la réponse à la question "Quelle est la limite du nombre de points à relier pour un relai ?" : ça dépend du prix auquel tu estimes ta vie, donc y'a pas de limite. Si tu dois relier 9 points, tu relies 9 points ; les 3 qualités d'un relai - en TA comme ailleurs - c'est qu'il doit être (1) inarrachable, (2) inarrachable, et (3) inarrachable. Guide Romain étant plus à l'aise avec la pratique qu'avec les théories (quoi que...) pondues par les prix Nobel de Physique sur la force appliquée à un corps métallique fixée à un corps minéral, la leçon est claire, pragmatique, facile à intégrer et à retenir, et surtout directement assimilable par les blaireaux (euh, on dit "stagiaire" dans le vocabulaire officiel) regroupés autour des manips de triangulation, installées par le professeur en moins de temps qu'il n'en faut à David Copperfield pour faire disparaître la Tour Eiffel sous un ticket de métro. Bravo l'artiste ! C'est à ce moment-là que le chef, alias Tongman, nous réserve une leçon de physique de derrière les fagots de genets qui bordent le sentier, selon laquelle, si on prend deux sacs à dos, le premier que nous appellerons A, et le deuxième que nous n'appellerons pas, parce qu'il est sourd, que l'on pend à une corde tenue à deux mains... Ah non, attends, c'est deux cordes qu'on attache à un sac, euh, et qu'on tient à une main, mais que... Ah, non, c'est deux mains, qu'on attache à... "Oh, pis zêtes tous des blaireaux, zaurez qu'à regarder sur le bouquin fourni avec le stage par la FFCAM !"... On n'a rien compris, mais on s'est bien marrés.

 

Après-midi : mise en pratique. 4 cordées de 3 stagiaires, réparties sur 2 voies (Prélude, et Pères tranquilles). L'idée : ignorer/mépriser/dédaigner/rejeter/repousser/snober/moquer/négliger/honnir/railler/je-trouve-plus-de-mots-dans-le-dictionnaire tout spit de la voie, et planter un maximum de pitons (la cordée a-t-elle bien pris 2 - deux, voire 1 plus 1 - marteaux ??? Sinon, le dernier de cordée il est mal...).

 

Ouais, bon, la météo jouant les ronchons, on va faire rapide : un piton au début, un autre au relais, et basta ! Pour le reste, ce sera friend / coinceur / bicoin, sans compter, tous les 3 mètres, et jusque mort ne s'en suive pas. Bon ça reste raisonnable, dans le 5 c max, la plupart des ex-blaireaux et néanmoins stagiaires restent plutôt dans le rythme.

Les cordées se chevauchent, les cordes s'emmêlent, on fait du tricot en 8 mm, mais les protections, elles tiennent ! Et c'était bien le but de la leçon. Pendant ce temps, Guide Romain, tout juste vêtu d'un baudrier sur sa toge et d'une paire de vieilles baskets, vadrouille en solo (à défaut de nu) intégral entre les voies et les cordées, pour prodiguer conseils, railleries, alertes serpents (si, si, sa siffle en ces fissures...), et sages recos et recommandations. Au bout de 4 longueurs (il en reste 2 vers le sommet), une pluie méchante détrempe les meilleures volontés, et on entame les rappels vers les sacs et leurs sandouiches nutella-camembert. La pluie cessera avant qu'on atteigne le bas des voies, le rocher presque déjà sec.

Ce sera donc l'occasion, pour les plus vaillants, de rejoindre le groupe des jeunes espoirs pour se terminer dans du 6b+/7a... Jusqu'où s'arrêteront-ils ??? 

 

Fin de journée et direction le campement traditionnel aux Cabannes, où pendant que les 2 tonnes de pâtes réglementaires se préparent, les corps se refont une santé sous la douche.

 

Deuxième journée. La météo maussade invite subtilement à une matinée grasse comme le petit-déjeuner qui s'ensuit, et celui-ci englouti, Guide Romain fait un rappel sur les cordes. Pas un rappel pour descendre de son lit. Non. Un rappel, comme une piqûre - mais qui fait moins mal, théorique sur l'identification, les usages, et les spécificités des différents brins de nylon disponibles dans le commerce, et qu'il est important de connaître si on veut leur confier notre vie en toute sérénitude, comme on dit en Poitou-Charente. Les questions fusent, et on découvre qu'on en savait finalement assez peu sur notre meilleur et plus protecteur compagnon de cordée. Ce rappel nous vaccinera pour longtemps ! Que du bon !

 

Les cordes de démo de nouveau lovées, on lève le camp, direction Auzat et sa salle d'escalade,  pour des exercices pratiques : école de vol à l'état large (et même de plus en plus large), école de rappel débrayable, école de remontée sur corde après plomb en surplomb, et - must du must - école de descente du premier de cordée inconscient après chute.

En gros : le zigue suspendu, il a 15 minutes max à tenir avant que sa colonne vertébrale devienne verte et braille. Donc, le second il doit faire fissa, pour (1) descendre le premier jusqu'à un point pouvant recevoir un bon relai (vu du bas, c'est pas évident) (2) fixer la corde, (3) remonter dessus jusqu'au premier - avec ou sans ascenseur - et le redresser (4) installer un relais où se trouve l'inconscient (5) installer une auto-moulinette (6) y fixer le premier de cordée à soi, puis soi-même à la corde de descente (7) décrocher le premier de sa corde et lui proposer un gros câlin dans le dos (8) DESCENDRE NOM D'UN PETIT BOHOMME C'EST PAS TROP TÔT !!! Là, les photos valant mieux qu'un long discours, nous vous recommandons de vous reporter à la vision apocalyptique du Chanoine Tongman accroché à son Théorik-Secouriste Romain, tels 2 pandas lascifs en période de rut printanier suspendus l'un à l'autre sur un bambou plus fort et plus raide que - si, si, vous avez bien imaginé - que la justice...

Voilou. 2 jours

de stages particulièrement diversifiés : temps clair, pluie et tempête / extérieur et intérieur / rocher et résine / théorie et pratique habilement et fort pédagogiquement dosés / libre et artif / 4b à 7a / rires et coups de gueule inévitables / chaussons et tongs / appréhension et délectation / questions et réponses... S'il y avait une chose que chacun pouvait se dire en remontant dans le minibus pour retourner à Toulouse, c'est que assurément, que l'on grimpe depuis 20 ans ou 6 mois, après ce stage, on grimpera plus jamais comme avant !

Et ça, c'est bien. Vraiment bien ! MERCI à Romain et Bibi ! Et vivement la deuxième et dernière partie, fin mai... En minibus CAF !

Pierre Hullin

 

Photos de Bibi à :

https://picasaweb.google.com/bibiaussonne/

https://picasaweb.google.com/bibiaussonne/2015_04InitiateurAlpiTAAriege2526Avril2015

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