La destination prévue était le couloir Swan aux Astazou, mais c'est « Caroux » qu'il y a écrit sur notre pancarte ce jeudi soir au CAF. Décidément, cette saison hivernale n'en finit pas de nous décevoir, la météo reste capricieuse et ce sont les friends, les dégaines et les chaussons qui seront de sortie. Crampons et piolets resteront au placard...
Un participant aux cervicales fragiles nous convainc de réserver un gîte, ce que nous ne regretterons pas. Les alpinistes deviennent vraiment de moins en moins rustiques...
Rendez-vous est donné samedi matin à 8h. A Mazamet, nous prenons au passage un grimpeur des plus motivés, mais l'humeur est morose : il pleut dru. Ce n'est que lorsque nous franchissons la frontière tarnaise que le ciel s'éclaircit.. A Pons, il ne pleut plus, à Mons la Trivalle, l'espoir renaît.
Des concurrents cafistes venus de tout le sud-ouest et au nombre de 17 ont déjà envahi la terrasse du café, mais c'est de bonne guerre, on leur a piqué le gîte de peu l'avant-veille. De toute façon leur programme, c'est manips sur pont, on ne risque donc pas d'aller s'embouteiller au relais.
Après un rapide café-topo, les cordées sont organisées et nous nous dirigeons tous vers la tour Carrée d'Aval. Une cordée dans la Desmaison (Antoine et Yvanne), une dans la voie du Fou (Philippe et Bernard), deux dans la Maurel (Donatien et Vincent, Nathalie et moi), une enfin dans la Dainat (Rémi, Pauline et Véro).
Je ne peux malheureusement pas raconter les errements et les couinements des autres, ni leurs exploits grimpesques, je n'y étais pas, par contre, je peux faire un récit détaillé de mes égarements personnels !
Au pied du mur sombre et raide qui se présente devant nous (un truc quasi déversant appelé dalle dans le topo), l'enthousiasme général en prend un coup. Les voies ont beau avoir été récemment rééquipées avec des broches, la première nous nargue de bien haut et avant cela, il va falloir s'employer. Dès le premier pas le ton est donné : on n'est pas venus pour plaisanter. Je me vache au deuxième friend. Ceux d'en bas ne rigolent plus du tout ! Après quelques mouvements pas évidents dans des fissures envahies de toiles d'araignées, je me sors de la partie raide pour finir la longueur pieds et mains sur des prises moussues. Franchement, qu'est-ce qu'on fait là ?
Nathalie se régale évidemment, elle n'a pas mis les pieds sur le rocher depuis un moment, ça la remet vite dans le bain, Donatien s'accroche à notre corde pour ne pas avoir à misérer comme moi, et Vincent qui débute en profite pour vérifier que son leader sait toujours faire un mouflage. Après ça, on est tous bien réveillés musculairement, on peut commencer l'exploration de la paroi. Sans tracé de la voie ni photo, avec juste une description de 4 lignes comme topo, je m'égare, je vais tout droit, je me fourvoie... jusqu'à retrouver avec soulagement les copains de la Dainat. Nous sortons tous là-haut sous les encouragements de Philippe, qui se dépêchera de descendre pour aller se faire trois autres longueurs au Georges Vergues. Antoine et Yvanne sont déjà au Grand livre pour constater qu'il leur manque les friends n° 3 et 4. Nous descendons dans le ravin sud bien balisé à présent, l'occasion d'une petite révision des manips de rappel pour certains. Il est déjà 18h30, on n'en fera pas plus.
Le soir est très sobre comme d'habitude. Personne n'a pensé à prendre une bouteille de vin, le repas est frugal... L'apéro qui s'éternise est l'occasion de fantasmer sur les voies du lendemain. Certains en profitent pour railler ceux qui s'accrochent aux dégaines (on en reparlera...). Pas facile de trouver un secteur qui puisse satisfaire les envies de chacun. Nos 17 concurrent s'incrustent dans les gîtes voisins et viennent même nous espionner sans discrétion. Nous prêtons tout de même un topo récent à leur émissaire, en possession d'un classeur de feuillets obsolètes : le Caroux est devenu moderne avec ses voies rééquipées, son balisage, ses petites pancartes ! Le lendemain, ce sera Pilier du Bosc pour nous, Gorges d'Héric pour eux, chacun son territoire.
Dimanche matin, il pleut. 8H, un peu de ciel bleu nous réconforte avant la prochaine averse. Le moral est en berne. Ceux qui possèdent des téléphones ne datant pas de la dernière guerre surfent à la recherche de l'info météo la plus fiable. Les autres attendent, à l'affût du moindre changement, en regardant par la fenêtre.
Antoine annonce qu'il ne pleuvra plus à 8h30 et que le rocher sera sec. On le croira et on aura raison !
Nous remontons assez dubitatifs les gorges menant au pilier, mais le temps se maintient et le rocher est effectivement sec. Chacun se dirige donc vers sa voie avec une bonne veste sur le dos, le printemps n'est pas encore arrivé jusqu'ici et l'aération est efficace.
Antoine et Yvanne reforment leur cordée de la veille et rejoignent la Directe Blanc. Donatien emmène Pauline et Véro dans l'arête sud où elles passeront même devant. Philippe va à la variante JLR avec Nathalie et nous allons avec Vincent, Bernard et Rémi aux Petits Pas.
Je laisse à Rémi le privilège de commencer avec Vincent, ce qui me permet de constater que je ne suis pas la seule à me vacher aux points... Dans mon dos, Philippe essaie de rester discret tandis qu'il se pend sur les broches du début de sa longueur, mais je veille. Alors Philippe, on tire aux dégaines ? J'ai ma petite vengeance, Philippe et Nath renoncent et rejoignent l'arête sud.
Nous nous retrouvons là-haut en pleine soufflerie après avoir tous parcouru de belles longueurs très variées. Une petite sieste derrière un bloc le temps que toutes les cordées arrivent et c'est l'heure du retour, avec l'impression d'avoir vraiment été en montagne.
Finalement, l'alternative ne déçoit pas toujours et ce week-end fut excellent !
Isabelle
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